Annexe:
Le 19 juillet 1945 Gendarmerie Nationale Garde Républicaine 4ème Légion RAPPORT du Chef d’Escadron GARRAUD de la 4ème Légion de la GARDE RÉPUBLICAINE sur les circonstances de son arrestation.
Référence : C.M. 26.273/Gend/PEC du 23 mai 1945.
A. L’ARRESTATION Le 6 juillet 1944 dans l’après-midi le Capitaine MORAND de la Direction Générale de la Garde était arrêté à Clermont-Ferrand. Le même jour le Lieutenant-Colonel ROBELIN et le Chef d’Escadron JEANDEL étaient arrêtés par la Gestapo. Le 7 juillet tous les officiers de la S/Direction Technique étaient arrêtés à leur tour, c’est-à-dire Chefs de Bataillon LACROIX THARAUX Chefs d’Escadron COMEMALE DELMAS Capitaines GRANGE PUTHOSTE GARRAUD En même temps étaient arrêtés Le Chef d’Escadron HURTREL et le Lieutenant BERTRAND, tous les deux de la Garde Personnelle du Chef de l’Etat Le Chef d’Escadron BOUCHARDON et le Lieutenant DUPONT du Groupement de la Garde de Vichy et M. LÉVY, secrétaire du Cabinet du Général. L’arrestation a été opérée par des policiers allemands en civil qui agirent alors que l’Hôtel était déjà cerné par certains d’entre eux. Les mesures suivantes avaient été prises : a) Renforcement des troupes en armes de la Gestapo à son siège b) Convocation du Général directeur au cabinet de DARNAND c) Réunion de tous les officiers de la Garde se trouvant à Vichy par M.COULON, chargé du maintien de l’ordre à Vichy. Ce qui prouve qu’il y avait entente préalable entre la Milice et la Gestapo. Immédiatement incarcérés au siège de la Gestapo 127 Boulevard des Etats-Unis à Vichy, nous devions être transférés à la Prison Militaire de Clermont-Ferrand le 6 juillet 1944. Interrogés séparément par la Gestapo à Royat malgré les tortures infligées, les Allemands ne purent savoir quelle était exactement l’action des officiers arrêtés. LÉVY fut mortellement frappé. Le Lieutenant-Colonel ROBELIN fut transféré à Vichy fin juillet.
B. CAUSES DE L’ARRESTATION Les chefs d’accusation étaient les suivants : 1) Atteinte à la sûreté des troupes allemandes 2) Complot contre la sûreté de l’Etat Français 3) Appartenance à l’O.R.A.
C. ACTION DE LA S/DIRECTION TECHNIQUE 1- Projets : Le Lieutenant-Colonel ROBELIN avait effectivement l’intention de passer à l’action le moment venu. Il projetait en effet a) de supprimer la tête de la Milice (DARNAND et son Etat-Major) b) de détruire les unités de la Milice cantonnées à Vichy c) de faire passer tous les Escadrons de la Garde à la Résistance en cas de succès ou d’échec. Il n’avait confié ses projets qu’à de rares officiers sous ses ordres. Les autres officiers se doutaient qu’une action se préparait, mais il n’a pas été possible de mettre tous les camarades au courant. 2- Préparation a) Groupement des Escadrons à Vichy, Limoges et Lyon par action personnelle du Lt.Colonel ROBELIN auprès des officiers de la SECTION TECHNIQUE du MAINTIEN de l’ORDRE. b) Reconnaissance des différents points sensibles. J’ai été personnellement chargé de la reconnaissance des locaux de la GESTAPO 127, Boulevard des Etats-Unis à Vichy et du Château des Brosses où se tenait la plus grosse unité de la Milice. c) Sondages opérés dans les unités pour savoir l’esprit de la Garde de Vichy. J’ai personnellement diné avec tous les Commandants d’Escadrons à leurs popotes. J’étais le plus souvent accompagné de M. de THORÉ, sous-directeur administratif. Le lendemain, je faisais part de mes impressions au Lt.Colonel ROBELIN. d) Camouflage de matériel en ne le signalant pas au Cabinet DARNAND. En ce qui me concerne, matériel automobile, essence, munitions, postes de T.S.F. e) Liaisons - avec le chef de service des Renseignements de Clermont (Capitaine MERCIER) par le Lt-Colonel ROBELIN qui voyait également le Colonel FRIESS (décédé à Dachau) - avec le chef régional de la Résistance (Chef d’Escadron de COURSON de VILLENEUVE dit « PYRAMIDE ») par l’intermédiaire du Capitaine MORAND. C’est d’ailleurs au cours d’une liaison qu’il a été arrêté. - avec l’Afrique du Nord par l’intermédiaire du capitaine MERCIER.
3 ) Les causes officiellement annoncées ne sont pas les seules, l’arrestation semble avoir été décidée par suite a) de la haine de la Milice pour la Garde qui, par sa passivité, faisait échouer de nombreuses opérations b) du refus de certains officiers de la Garde d’opérer de concert avec les troupes de la Milice c) du freinage systématique par le Lt-Colonel ROBELIN en ce qui concerne la participation de la Garde aux opérations d) de l’action de certains officiers de l’arme qui, par ambition ou jalousie, auraient voulu remplacer les officiers en place. A ce sujet, le Lt-Colonel ROBELIN me parlait souvent de l’action néfaste du Lt-Colonel BOUVET qui, remis à la disposition de son arme, fut réintégré ensuite par ordre de DARNAND. Le Lt-Colonel BOUVET aurait tenu des propos que le Chef d’Escadron, alors détaché à la S.T.M.O., pourrait rapporter.
Note de l’AFMD de l’Allier: S.T.M.O. : Service Technique du Maintien de l’Ordre.
Il serait bon également sans que je puisse apporter de preuves de voir l’action du Colonel MAHUET, commandant la Garde de Limoges. C’est de Limoges et sous la signature de de VAUGELAS, chef de la Milice de la région, qu’est parti le 1er rapport contre la Direction. Le Lt.Colonel ROBELIN me parlait fréquemment de l’ambition du Colonel MAHUET qui voulait remplacer le Général PERRÉ et qui était « en dehors de la main ? », c’est-à-dire qui exécutait trop ponctuellement les ordres de de VAUGELAS avec lequel il sympathisait. e) Passage prématuré à la résistance de l’Ecole de la Garde à Guéret et à Vals-les-Bains.
D. SORT DES DIFFÉRENTS OFFICIERS Le 20 août 1944 étaient libérés de la prison de Clermont-Ferrand le Chef de Bataillon THARAUX en très mauvais état physique à la suite des tortures subies et intransportable les Chefs d’Escadron JEANDEL, COMEMALE, HURTREL les Capitaines PUTHOSTE, DUPONT le lieutenant BERTRAND.
Etaient donc déportés Chef de Bataillon LACROIX Chefs d’Escadron DELMAS, BOUCHARDON Les Capitaines MORAND, GRANGE (qui réussit à s’évader à Beaune), GARRAUD Les déportés furent dirigés sur le camp de Natzweiler (arrivée le 30 août), puis Dachau (arrivée le 7 septembre). Le Lt.Colonel ROBELIN n’a pas été déporté, mais étant donné les témoignages recueillis il semble bien que son état de santé laissait prévoir une fin prochaine dès le 19 août 1944. En effet il était à cette date dans les locaux de la Gestapo à Vichy. Il était atteint de gangrène à la cuisse droite et les allemands le soignaient avec des ampoules de 100cc de sérum. A cette date il quitta sa cellule sur un brancard pour, dirent le policiers, être confié à un hôpital de Vichy.
Source du Rapport: Archives de la famille.
Note de l'AFMD de l'Allier: Le
Lieutenant-Colonel ROBELIN, né le 4 octobre 1906 à Dijon (21), est
officiellement décédé le 19 août 1944 à Vichy (03). Son corps ne sera
jamais retrouvé. "Mort pour la France"
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