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David Daniel GERSON
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David Daniel GERSON est né le 27 décembre 1937 à Melun (77). Il se réfugie avec sa mère Marthe née BERNHEIM et la famille EBSTEIN de Mulhouse (68) à Vichy (03) au N° 7, rue Neuve.
Source de la photo ci-contre: David Daniel GERSON
Son nom figure dans le recensement des Juifs à Vichy en juin 1941.
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Source du document ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier 756 W 1.
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Témoignage de David Daniel GERSON.
«En août 1943, dès l'arrestation de notre famille (1) à Vichy où, venus d'Alsace, nous étions réfugiés, ma mère m'a confié en catastrophe à une amie catholique qui vivait dans une ferme à une trentaine de kilomètres de la «capitale» du Maréchal. Certes, je n'avais pas tout à fait cinq ans, mais la mémoire qui est sélective a conservé quelques flashes.
Source de la photo de Juliette Jondreville ci-contre: David Daniel Gerson. | |
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Peu après mon arrivée, «Marraine», comme j'appelais Juliette Jondreville, cette Juste, qui m'a recueilli jusqu'à la Libération en 1945, m'a appris le «Notre Père» et à faire le signe de croix. «On ne sait jamais ce qui peut arriver!», répétait-elle. Aux questions des paysans des alentours ou de ceux que nous rencontrions lorsque nous allions à la bourgade voisine vendre les peaux des lapins qu'elle élevait, je devais répondre que j'étais le fils de sa nièce, qui vivait à Paris. Je n'ai jamais pu manger de lapin après avoir vu «Marraine» les tuer et les dépecer, sans même savoir pendant longtemps, faute d'éducation religieuse, que le lapin n'est pas «casher».
Vers la fin de la guerre, toute une escouade d'Allemands envahit la ferme. Je me rappelle le bruit assourdissant et terrifiant des «tanks» pénétrant dans la cour et aussi l'audace des militaires qui ont osé prendre les œufs au poulailler. Sans même demander la permission à «Marraine».
Un gradé, parlant le français et auquel je devais sans doute rappeler son fils, aimait caresser ma tignasse blonde et … m'offrait cette denrée alors combien rare: du chocolat! Il avait réquisitionné l'étage supérieur du corps de ferme et venait se réchauffer dans la cuisine, le soir, au coin de l'âtre. Sa passion, c'était la peinture. De fait, il avait un chevalet, des pinceaux et des tubes de couleurs. Un jour, il demanda à «Marraine» l'autorisation de me faire poser… Dans l'heure qui suivit, à mon grand étonnement, «Marraine» m'enduisit le corps d'un produit rougeâtre et m'enferma d'autorité dans ma chambre, volets fermés et lumière éteinte, en m'intimant l'ordre de ne pas broncher. Elle annonça à l'officier que j'avais la rougeole et de ce fait que j'étais contagieux. Je restai ainsi enfermé à clef dans le noir durant plusieurs jours. Je ne compris que beaucoup plus tard que «Marraine» avait agi ainsi par crainte que l'Allemand ne risque de découvrir que j'étais circoncis. Peu de temps après, les Allemands, bras levés, se rendirent aux Alliés, je l'ai vu derrière les volets.
De retour du maquis, ma mère se félicita de ne pas m'avoir confié (crainte de conversion?) aux religieuses d'un couvent de la région (2) où on lui avait suggéré de me cacher. Tous les enfants en furent déportés. Sur dénonciation.»
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Note (1): La famille composée de Jules EBSTEIN, Jeanne née BERNHEIM, Marie Emilie dite Lily et Raymond. (2): Il ne s'agit pas d'un couvent de l'Allier. |
Sources: - Archives Départementales de l'Allier 756 W 1 - Archives de David Daniel Gerson - Etat civil de Melun (77) - Témoignage paru dans Tenoua avril-mai 2009 transmis par David Daniel Gerson.
© AFMD de l'Allier |
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Gérard TELLER
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Gérard TELLER est né le 11 octobre 1932 à Strasbourg (67). Orphelin de père à 7 ans – son père est décédé dans un accident de la route- il vit seul avec sa mère Marthe née PERKALOWITSCH. En septembre 1939 ils sont expulsés de Strasbourg et viennent s'installer à Vichy (03) au 3, rue de la Porte Saint-Julien, puis chez ses grands-parents Moïse PERKALOWITSCH et son épouse Mina.
Photo transmise par Gérard TELLER. |
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Son nom ainsi que celui de sa mère figure dans le recensement des Juifs à Vichy en juin 1941.
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Source: Archives Départementales de l'Allier 756 W 1.
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Témoignage de Gérard TELLER:
«Fin 1939 la plupart des Alsaciens et des Lorrains avaient été expulsés. Ma famille s'est dirigée vers Vichy où nous avons trouvé une petite maison familiale en banlieue. Au début la vie à Vichy était tranquille. Il y avait certes des arrestations et des transferts vers des lieux inconnus, mais nous ignorions Drancy, Auschwitz et la Solution Finale.»
Le 11 avril 1944 une rafle a lieu à Vichy. Gérard TELLER raconte l'arrestation de son grand père Moïse PERKALOWITSCH et de sa soeur Marie GRUNEBAUM:
«Ce jour-là, la Gestapo est arrivée chez nous vers 13 h, juste le lendemain des fêtes de la Pâque Juive, où la plupart des Juifs étaient chez eux. Mon grand père leur a parlé en allemand et leur a expliqué qu'étant lorrain il avait combattu dans l'armée allemande pendant la guerre de 14/18 et que le mari de sa sœur Marie y avait laissé sa vie. Ils l'ont rassuré en lui disant que c'était juste un contrôle d'identité. Mon grand père et sa sœur ont été transportés à Drancy quelques jours après, puis déportés par le convoi 72. Ils ont été assassinés immédiatement à leur arrivée à Auschwitz, le 4 ou 5 mai 1944.»
A un moment donné la Gestapo a quitté la pièce où je me trouvais, ma grand-mère a ouvert la fenêtre et m'a dit en judéo-alsacien «Ratz!» «Sauve-toi!». J'ai sauté du premier étage dans le petit jardin derrière la maison et par un trou dans le grillage je me suis réfugié chez un voisin.
(…) Un autre voisin, Monsieur Martin, m'a cherché et j'ai passé la nuit chez lui. Le lendemain il m'a conduit en train de Vichy à Evaux. Ma mère avait jugé qu'il était moins dangereux pour moi de voyager ainsi plutôt qu'en taxi et Monsieur Martin avait accepté de prendre les risques. Puis j'ai été amené non loin de là à Giat (Puy-de-Dôme) où le Frère Supérieur de l'Ecole Saint Jean-Baptiste de la Salle, le Frère Albert Massonaud, a accepté de me garder avec mes deux cousins juifs d'Evaux. Nous avions de faux papiers. Mon nom d'emprunt était Tellier né à Romainville et non Teller né à Strasbourg. Mes cousins Jean et Léon Kahn s'appelaient Thierry. Je suivais la scolarité normale et j'allais à l'église le dimanche comme tous les petits copains de ma classe. Quand tout le monde allait se confesser je me cachais dans les toilettes sur les instructions du directeur. Lui seul et un collègue savaient que nous étions juifs. En juillet pendant les vacances il nous a gardés en nous donnant de menus travaux. Nous étions plus en sécurité qu'à Evaux.
Une division SS, revenant du front de Normandie, traversa Giat et nous entendîmes de nombreux coups de feu. Des soldats pénétrèrent dans l'école, mais ils n'entrèrent pas dans une pièce où il y avait trois enfants atteints de scarlatine. C'est le subterfuge qu'avait utilisé le directeur pour nous cacher.
C'est ainsi que nous fûmes protégés jusqu'à la Libération en août 1944 par celui que je considère comme un Juste. J'ai ensuite rejoint ma famille à Evaux, puis nous sommes retournés à Vichy. La maison avait été pillée et nous étions dans l'ignorance du sort de mon grand-père et de sa sœur. Ce n'est que plus tard que nous avons appris qu'ils avaient été emmenés à Drancy, puis déportés le 29 avril 1944 par le c onvoi N° 72 et gazés à leur arrivée à Auschwitz le 5 mai 1944.
Pendant de nombreuses années j'ai correspondu avec le Frère Massonaud. Au cours de l'été 1950 je suis allé le voir à Giat. Il considérait qu'il n'avait fait que son devoir et ne voulait pas parler de son action. Il s'intéressait surtout à son école. Je sais maintenant qu'il était en contact avec des résistants et qu'il leur ouvrait ses réserves de nourriture.»
Ce témoignage paru dans Mémoire Vive N° 39 – Mai 2007 a été transmis à l'AFMD de l'Allier par Gérard TELLER.
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Sources:
- Archives Départementales de l'Allier 756 W 1,
- Archives de la famille
- Mémoire Vive N° 39 mai 2007
- Témoignage de Gérard Teller
© AFMD de l'Allier |
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