EN PRISON
A travers les barreaux de ma pauvre cellule
J'aperçois des oiseaux gazouillant sur un toit
Mais le papillon d'or, la frêle libellule,
Ne veulent pas venir dans l'ombre auprès de moi.
Avez-vous entendu le bruit sourd des serrures
Les hurlements sinistres et les pas alourdis
Avez-vous ramassé sur les marches si dures
L'aumône quotidienne aux pauvres corps raidis.
Oui vous avez souffert, mes amis, je le crois
Le cri du désespoir a jailli de vos bouches
Et vous avez offert au Seigneur sur la Croix
L'effroyable martyr de vos âmes farouches.
Mais le jour va renaître et votre désespoir
Cédera croyez-le au soleil triomphant
Vous serez libres enfin et pourrez revoir
Les doux visages aimés et vos terres et vos champs.
De tout ce mauvais rêve, en votre âme qui vibre
Ne restera plus rien… que l'orgueil d'être libre
Car le plus cher espoir est dans la Liberté
On le comprend vraiment quand elle vous a quitté.
Chalon-sur-Saône, mai-juin 1943
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