Err

Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

CIROUX François Alphonse

Nous sommes à la recherche de renseignements complémentaires et d'une copie de sa carte de Déporté. Nous contacter: afmddelallier@orange.fr



est né le 13 septembre 1920 au domicile de ses parents au lieudit Les Bruyères au Bouchaud (03). Son père Jean et sa mère Joséphine née CROUZIER sont cultivateurs.

Il exerce le métier de  mécanicien. 

Il est chef aux Chantiers de la Jeunesse quand le 19 septembre 1942 il épouse Marcelle JANTET à Brénod (01).

Source de la photo ci-contre: Mémorial de la Déportation dans l'Ain (1939-1945) .




Il est encore chef aux Chantiers de la Jeunesse lorsqu'il est arrêté le 6 février 1944 par les troupes d'occupation. Il fait partie des 31 personnes arrêtées dans les rafles commises  à Brénod entre le 6 et le 14 février 1944 selon le rapport de gendarmerie du 26 février 1944.Voir le récit de Georges PETITJEAN en annexe.


Le 22 mars 1944 il est déporté de Compiègne à Mauthausen où il arrive le 25 dans le convoi N° I.191. Il y reçoit le matricule N° 59744 et déclare comme profession "angestellster", c'est-à-dire "employé".

Source du document ci-contre: Service International de Recherches d'Arolsen 1397660.

Après la quarantaine il est affecté au Kommando de Loibl Pass le 17 avril 1944.

Loibl Pass: Kommando du KL Mauthausen. Ce Kommando a deux emplacements complémentaires : l'un sur la commune de Ferlach en Carinthie, l'autre à Podljubelj en Carniole. Il est chargé de réaliser le tunnel routier entre l'Autriche et la Slovénie actuelle pour la "S.A. Universale Hoch-und Tiefbau". Créé en 1943, il est libéré dans la nuit du 7 au 8 mai 1945 par les partisans de Tito.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.


Il est libéré à Loibl Pass le 8 mai 1945 et est rapatrié par Marseille.

Lui est attribuée la carte de Déporté Politique N° 1.116.00015 sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

Il décède le 15 août 1984 à Pierre-Bénite (69).


LE 6 FÉVRIER 1944 À BRÉNOD

L'accrochage de RUFFIEU, puis les opérations ponctuelles menées dans la région par. .les Allemands éveillent la méfiance et l'inquiétude des habitants du village qui, la nuit, rejoignent les lieux écartés ou se tiennent prêts à le faire.

Le samedi 5 février on perçoit des coups de feu en direction du Monthoux et, peu après, une rumeur parcourt le village: « Des camions allemands ont traversé BRÉNOD et ont filé en direction d'HAUTEVILLE». Aussitôt la plupart des hommes valides quittent leur domicile et s'égaillent vers les hameaux et les fermes des alentours. J'en fais de même et je me retrouve dans la matinée dans une ferme qui, dominant la plaine, permet de suivre tout mouvement suspect. Nous sommes alors une vingtaine, réfugiés dans la ferme de Ferrière. A flanc de coteau, surplombant le plateau et les routes de BRÉNOD à CHAMPDOR et CORCELLES, elle constitue un poste d'observation idéal permettant en outre un repli facile vers la forêt toute proche. La journée se passe dans l'attente et, de notre position dominante, nous avons une vue dégagée vers la zone dangereuse.

En fin d'après-midi nous voyons la colonne allemande reprendre le chemin inverse de celui du matin. Malgré l'amicale insistance et les exhortations du «gros de Ferrière» qui nous propose généreusement de manger chez lui «à la fortune du pot» et de coucher dans la paille, nous décidons tous de regagner le pays. Dans notre naïveté nous pensions alors que les Allemands observeraient la trêve dominicale, opinion qui a pu se trouver confortée par la neige qui commence à tomber, assez serrée, ce samedi soir. Erreur grossière et lourde de conséquences!

La nuit a été calme et, le dimanche 6 février au matin, le sol est recouvert d'une couche de neige de 40 à 50 cm. Le ciel est clair et le soleil commence à poindre. Vers 9 heures, devant la fenêtre du «pêle», je suis occupé à me raser avant d'aller à la messe.  Machinalement je regarde au loin et c'est alors que je vois des taches noires paraissant immobiles mais qui, en réalité, se rapprochent lentement. Au bout d'un moment je réalise qu'il s'agit de soldats allemands qui finissent par former un cordon autour du village. La nasse est fermée…. A peu près simultanément, d'autres soldats descendus de camions arrêtés sur la place, frappent aux portes des maisons et invitent les hommes à se rendre à un contrôle d'identité.  De place en place des sentinelles surveillent le bon déroulement des opérations. Certains habitants sont absents de leur domicile, d'autres n'hésitent pas à prendre des risques et à se cacher là où ils le peuvent. Il faut néanmoins reconnaître que les fouilles approfondies des maisons sont peu nombreuses et que, d'une façon générale, les hommes rejoignent sans trop de difficulté le lieu de rassemblement.

Je me retrouve donc, un peu plus tard, sur la place parmi ceux qui m'ont précédé. Lorsqu'il juge que la population masculine est toute arrivée, le chef de l'opération fait entrer tout le monde dans la salle des fêtes. Là, chacun présente ses pièces d'identité à des individus en civil (probablement des membres de la Gestapo accompagnés de traîtres). Après un interrogatoire rapide destiné à confirmer l'identité et des questions visant à obtenir des renseignements sur les membres de la Résistance, leur refuge et leurs actions (questions qui sont d'ailleurs restées sans réponse), deux groupes sont formés et séparés. Le groupe des personnes les plus âgées (plus de 45 ans) et les plus jeunes (moins de 16 ans) est remis en liberté. Le reste, dont les pièces d'identité demeurent entre les mains des Allemands, comporte 23 hommes de 18 à 45 ans auxquels le chef de l'opération s'adresse en disant à peu près ceci: «Vous avez voulu la guerre. Vous avez la guerre. Votre village brûle. Nous prenons ce groupe en otage. Il y a beaucoup de travail pour vous en Allemagne!».

L'après-midi se passe dans l'attente et dans l'ignorance des événements. Nous discutons pour tromper notre inquiétude. Finalement la nuit est tombée lorsque, rejoints par Mme FAIVRE, nous sortons de la salle des fêtes et nous dirigeons vers un camion stationné devant la fromagerie. Nous grimpons alors dans ce véhicule, équipé de bancs. Les gens se serrent, certains s'assoient par terre et, monté dans les derniers, je me retrouve assis sur le plancher, le dos appuyé contre le hayon arrière. Deux sentinelles sont installées en bout de bancs. D'autres véhicules se placent devant et derrière le nôtre et le convoi se met en route en direction du nord, tandis que les incendies font rage ( la boulangerie Carrier, le garage Tardy et quelques autres flambent).

Nous quittons BRÉNOD pour une destination et une vie que nous sommes bien loin d'imaginer!

Récit écrit par Georges PETITJEAN, déporté de Compiègne à Mauthausen le 22 mars 1944. Matricule N° 60428. Transcrit avec l'aimable autorisation de son fils Alain.

Sources:

- Archives Départementales de l'Ain  Etat de renseignements sur les personnes arrêtées par les troupes d'opérations dans la commune de Brénod (Ain) le 6 février 1944

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Dijon

- Etat civil du Bouchaud (03) et de Brénod (01)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mauthausen Le Troisième Monument site Internet

- Mémorial de la Déportation dans l'Ain (1939-1945) site Internet

- Petitjean Georges   "LE 6 FEVRIER 1944 A BRÉNOD"

- Service International de Recherches d'Arolsen 1397660

©  AFMD de l'Allier