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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
  WEIL Robert

est  né le 22 juillet 1912 à Champigneulles (54). Il est le fils de Baruch et d'Elisabeth née  FLONER. Il est professeur  à l’Ecole Pratique de Sarreguemines (57) quand il épouse Olga  SPINGARN

Ils arrivent à la Maison d'Enfants de l'OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants) au Château des Morelles à Broût-Vernet (03) le 1er juillet 1941 avec leur fille Ruth  née le 28 mai 1939 à Neuilly-sur-Seine (92). Le 23 mai 1942 naîtra à Vichy (03) Juliette Danielle.

Au Château des Morelles il dispense des cours de mathématiques et d’instruction religieuse.

S
ource de la photo: Archives de la famille.

Il est fiché par l'Etat Français en tant que Juif français en 1943.

Source du document ci-contre à gauche: Archives Départementales de l'Allier 996 W 778 W 112.

Fin 1943 toute la famille part pour la Maison d’Enfants de Saint-Paul-en-Chablais (74) en Zone italienne.

Ils sont arrêtés tous les quatre le 29 avril 1944 à Annemasse (74) alors qu'ils tentent de passer en Suisse. Robert et Olga sont emprisonnés et les enfants confiés à des religieuses dans l’attente du sort qui leur sera réservé. 

Source de la photo à droite: Archives de la famille.



Ils sont transférés le 24 mai 1944 à Drancy, puis déportés le 30 mai  de Drancy à Auschwitz par le convoi N° 75.

Document ci-dessus extrait de la liste du convoi N° 75. Source: Mémorial de la Shoah C 75_37.

Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du convoi N° 75: " 534 hommes et 470 femmes ont constitué ce convoi où l'on comptait 104 enfants de moins de 18 ans. (...) A l'arrivée de ce convoi le 2 juin, 239 hommes reçurent les matricules A 11841 à 12079, tandis que 134 femmes recevaient les matricules A 7065 à 1 7198. 624 personnes furent immédiatement gazées. En 1945 on dénombrait 85 survivants dont 51 femmes".


Dans son témoignage Robert WEIL décrit les conditions dans lesquelles s’est déroulé le voyage. « (Il) se fit dans des wagons à bestiaux fermés, parqués à 100 personnes à peu près dans des conditions de vie difficiles à décrire. Il était impossible  de s’y asseoir ou de se coucher. La promiscuité, le manque de renouvellement d’air, les besoins naturels, la faim et la soif, l’énervement des enfants aussi bien que celui des grandes personnes créèrent un climat détestable. Ce voyage déprimant devait durer 3 jours et 3 nuits. »

Puis c’est la sélection. " Les hommes furent séparés des femmes, on constitua 3 colonnes, celle des hommes jeunes, celle des femmes sans enfant, enfin la troisième colonne où se mêlèrent jeunes mères avec leurs petits, gens âgés, personnes infirmes ou éclopées. (….) C’est la dernière fois que j’aperçus ma femme et mes deux enfants. J’entends encore ses paroles d’adieu et je vois encore son sourire qu’elle m’adressa". 

Robert est sélectionné pour le travail avec le matricule A-12069 tatoué sur l’avant-bras gauche. Il  est affecté au kommando du terrassement, puis au laboratoire d’analyses à Raisko, kommando situé à 4 kilomètres d’Auschwitz.

Le 18 janvier 1945 il est évacué au cours de Marches de la Mort d’Auschwitz à Gross-Rosen. Il raconte : «  Cette journée du 18 janvier aucun kommando ne partit au travail. Nous la passâmes à attendre jusqu’à la tombée de la nuit. On nous remit une portion de pain et la marche commença dans la neige.(…) Bientôt nous vîmes de nombreux cadavres d’hommes et de femmes jalonnant la route et dès le premier coup de feu nous en comprîmes la raison. Tous ceux et celles qui ne pouvaient plus avancer étaient froidement achevés d’une balle dans la nuque par les SS qui accompagnaient la colonne. Un SS par 10m de colonne. Nous marchâmes durant toute la nuit. Au loin tonnait le canon.  (…) Vers midi nous eûmes droit à quelques heures de repos et je m’endormis dans la neige. Vers le soir la marche reprit. (…) La deuxième nuit fut épouvantable. Les coups de feu devinrent de plus en plus nombreux, les camarades épuisés étaient assassinés en nombre croissant. (….)A l’aube nous arrivâmes à une petite ville, Loslau, située à 100 km à peu près d’Auschwitz. A la gare nous fûmes chargés sur un train composé de plates-formes ouvertes, une centaine par plate-forme. Le train partit à midi vers Gross-Rosen.(…) Nous mîmes trois jours sans manger pour accéder à la ville, soit le 23 janvier". 

Le 7 février il faut repartir à nouveau, car les Russes approchent : «  Nous fûmes assemblés sur l’Appellplatz. On nous distribua une soupe de rutabaga et une ration de pain. Vers la nuit par rangs par cinq après une dernière élimination de malheureux nous sortîmes de ce camp. Placés à 100 par plate-forme par un froid intense, serrés les uns contre les autres, nous voyageâmes trois nuits et deux jours sans nourriture ni boisson aucune. Beaucoup de camarades succombèrent au froid, à la faim et lorsque nous arrivâmes à Weimar nous étions plus morts que vivants ».

Les survivants arrivent le 11 février 1945 au camp de concentration de Buchenwald où Robert WEIL reçoit le matricule N° 128517.


Source du document ci-dessus : Service International de Recherches d’Arolsen 78430931.


Robert WEIL et ses camarades de misère sont libérés à Buchenwald par l’armée de Patton le 11 avril 1945.

Le 21  octobre 1947 il épouse Fanny SPINGARN à Sarreguemines.

Il décède à Strasbourg (67) le 30 janvier 1992.


Sources : 

- Archives Départementales de l’Allier 996 W 245.01, 996 W 778 W 112,

- Archives de la famille

- Archives Municipales de Broût-Vernet

- Centre de Documentation Juive Contemporaine

- Etat civil de Champigneulles (54) et de Sarreguemines (57)

- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Service International de Recherches d’Arolsen 78430931

- Témoignage écrit de Robert WEIL

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