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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
HERBSTMANN Baruch Robert dit "Bob"


est né le 10 juin 1918 à Fulda (Allemagne). Il est le fils de Leib Wolf et de Fanny née ZINS. En 1933 la famille se réfugie en France à Epinal  où ils sont domiciliés au N° 4, rue Pellet.

Célibataire,il exerce la profession de voyageur de commerce.

Source de la photo ci-contre : yadvashem.org.

Il est naturalisé Français ainsi que son frère Maurice suite au décret paru au Journal Officiel du 6 mai 1937.
Source du document ci-dessus: Bibliothèque Nationale de France naturalisations sur site Internet Gallica.

Il est incorporé le 4 décembre 1938 au 125ème E.A.R.G.  (Escadron Automobile de Réserve Générale) dans les Vosges à Remiremont.
La famille quitte Epinal  pour  Clermont-Ferrand (63) où elle est domiciliée au N° 53, avenue de Beaumont qui deviendra Avenue du Maréchal Pétain.



Son frère Maurice est fait prisonnier et est interné au Stalag 325 à Lemberg avec le N° 7073.

Source du document ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier 996 W Mesures administratives privatives de liberté Boîte 5.
Le 2 septembre 1939 Baruch HERBSTMANN est mobilisé et reste dans la Zone des Armées jusqu'au 23 avril 1940, date à laquelle il est embarqué pour la Norvège.

Selon son témoignage, "J'ai participé à la campagne de Norvège, replié sur l'Angleterre, puis débarqué à Brest , j'ai été réembarqué sur Casablanca et enfin à Bastia où  j'ai été démobilisé le 13 mai 1941", ce qui est conforme au document ci-contre.

A Bastia il est affecté au 173ème B.A.C. (Bataillon Autonome Corse).

Source du document ci-contre: Archives Départementales des Vosges 1 R 1963 N° 1854.

Une fois démobilisé, il rejoint la Légion des Anciens Combattants.

Il travaille comme garçon de cuisine à Vichy (03) à l'Hôtel de la Côte d'Azur, puis il réside chez son frère Henri 5, rue Pasteur à Vichy depuis août 1941 "en attendant que je puisse rentrer au Chantier rural de Taluyers (Rhône) à qui j'avais adressé une demande comme ouvrier agricole" selon son témoignage écrit. 


Considéré comme "individu dangereux pour la Défense Nationale ou la Sécurité Publique", il est, sur arrêté en date du 1er mars 1943 du Ministre secrétaire d'Etat à l'Intérieur René BOUSQUET, astreint à résider au Centre de Séjour Surveillé de Saint-Sulpice-la-Pointe (81).

Source du document ci-dessus: Archives Départementales du Tarn 493 W 125.

Il est arrêté le 4 mars 1943 à son domicile au N°33, rue Eugène Gilbert à Vichy et conduit au Commissariat de Police où il passe 3 jours avant d'être dirigé sur le C.S.S. (Centre de Séjour Surveillé) de Saint-Sulpice-la-Pointe où il arrive le 8 mars.

Le 6 mars 1943, son frère Henri écrit au Préfet de l'Allier à propos de cette arrestation qu'il considère comme "arbitraire" et lui transmet une copie des états de service militaires  ainsi qu'une copie de son certificat de bonne conduite sans oublier de rappeler "qu'un autre de ses frères est prisonnier de guerre".

Il ajoute qu'il a "pris toutes dispositions pour que mon/son frère quitte Vichy dès sa libération pour aller travailler comme ouvrier agricole dans le département du Rhône".

Source du document ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier 996 W Mesures administratives privatives de liberté Boîte 5.

Du propre aveu du Chef de Camp de Saint-Sulpice-la-Pointe qui écrit au Directeur Départemental du S.O.T. à Albi, concernant Baruch HERBSTMANN, "Son dossier ne renferme aucun renseignement sur sa conduite antérieurement à son internement ni sur les raisons qui ont amené le Chef du Gouvernement à prendre à son encontre une telle mesure".

Note: A l'origine le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) s'appelait le S.O.T. (Service Obligatoire du Travail) !!!

Le 6 mai 1943 il fait partie des 13 personnes convoquées  à l'audience du Tribunal Correctionnel de Cusset "comme inculpé de trafic d'or". Il est demandé au Chef de Camp de Saint-Sulpice-la-Pointe de "donner des instructions aux services compétents pour assurer le transfert de cet interné à Cusset".

Baruch HERBSTMANN ne sera pas transféré à Cusset, car "l'affaire dans laquelle il est inculpé a été renvoyée à une date ultérieure". Dans la rubrique "Condamnations" à Saint-Sulpice-la-Pointe, il est indiqué comme motif d'arrestation " impliqué dans une affaire de trafic d'or qui n'a pas eu de suite auprès du Juge d'Instruction de Vichy".

Le Chef du camp de Saint-Sulpice-la Pointe, invité à donner son avis concernant une éventuelle libération de Baruch HERBSTMANN, répond que "Sa conduite est bonne, rien de suspect n'a été découvert dans sa correspondance par le contrôle postal qui fonctionne au camp. HERBSTMANN s'engage en cas de libération à rejoindre un poste de travailleurs agricoles à TALUYERS (Rhône); dans ces conditions j'émets en ce qui me concerne un avis favorable à une libération conditionnelle avec assignation à résidence surveillée à TALUYERS (Rhône)".

Le 21 septembre 1943 il fait une demande pour être affecté à l'Organisation Todt à Bayonne en tant que cuisinier ou de conducteur automobile.
Suite au télégramme du Préfet de l'Allier et de l'arrêté de René BOUSQUET du 19 novembre 1943, il est libéré du camp de Saint-Sulpice-la-Pointe le 20 novembre 1943 et déclare se retirer à Taluyers (Rhône) où il est astreint  à résidence.

Source du document de gauche ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier 996 W Mesures administratives privatives de liberté Boîte 5.
Source du document de droite: Archives Départementales du Tarn 493 W 125.

Archives Départementales de l'Allier 996 W Mesures administratives privatives de liberté Boîte 5.

Source du document ci-dessus:"Histoire de Taluyers Guerre 1939-1945 La ferme-école des Eclaireurs Israélites de France (E.I.F.)", transmis par la mairie de Taluyers. Remerciements.

Frédéric Chimon HAMMEL était sous le pseudonyme de "Chameau" le responsable du groupe rural/ferme-école des Eclaireurs Israélites de France à Taluyers. Par mesure de sécurité, il en décida la dispersion le 30 mars 1944.

Selon le dossier  intitulé "Histoire de Taluyers Guerre 1939-1945 La ferme-école des Eclaireurs Israélites de France (E.I.F.)",
transmis par la mairie de Taluyers: "6 avril: départ des jeunes de Taluyers. 16 d'entre eux rejoindront Toulouse et gagneront l'Espagne en traversant les Pyrénées dans des conditions dramatiques".

On ne sait si Baruch HERBSTMANN a effectivement rejoint le Groupe Rural de Taluyers, car, selon les Archives Départementales du Rhône, "aucun fonds ne fait référence au lieu cité ou à la personne recherchée", ce qui est surprenant pour deux raisons: l'antisémite Etat Français recensait régulièrement les Juifs et Baruch HERBSTMANN était en résidence surveillée. Il est difficile de penser que la police n'ait pas effectué de contrôle et n'ait pas averti leurs supérieurs au cas où Baruch HERBSTMANN aurait "omis" de se présenter au Groupe Rural de Taluyers.

Quant à la Brigade de Gendarmerie de Mornant, elle avait choisi son camp, celui de la Résistance. Dans "Histoire de Taluyers Guerre 1939-1945 La ferme-école des Eclaireurs Israélites de France (E.I.F.)", il est indiqué que "Concernant l'attitude des gendarmes de Mornant on ne peut passer sous silence le rapport de la Commission de l'histoire de la guerre 39-45 confirmant le rôle très efficace de la Brigade dans la Résistance. (...) Le groupe rural et le village doivent aux gendarmes de Mornant une grande reconnaissance".

Ce qui est sûr, c'est que Baruch HERBSTMANN, s'il a effectivement rejoint le groupe rural de Taluyers, l'a quitté bien avant l'ordre de dispersion puisqu'il est arrêté le 9 mars 1944 au Bar Joly à Clermont-Ferrand par un milicien qui collaborait avec la Gestapo (Source: Archives Départementales  du Puy-de-Dôme 908 W 220).

Selon les Archives Départementales du Puy-de-Dôme,  Baruch Robert HERBSTMANN était , sous le pseudonyme de FOURNET Robert, agent de liaison du Commandant CLOZEL (Bartoli), chef de l'O.R.A. (Organisation de Résistance de l'Armée), dans le Puy-de-Dôme.


Source du document ci-dessus:  Archives Départementales  du Puy-de-Dôme 908 W 220.

 Selon le document ci-contre (carnet de fouilles à Drancy), il est domicilié au N°23, rue d'Alsace à Clermont-Ferrand (63) .

Source du document ci-contre: Mémorial de la Shoah.

Il est transféré  à Drancy où il arrive le 21 avril 1944. Il reçoit le matricule 20247 et un reçu du carnet de fouilles qui porte le N° 2963 est établi à son nom. Il déclare comme profession  "Kraftfahrer", c'est-à-dire chauffeur.

Il fait partie des 878 hommes déportés le 15 mai 1944 à Kaunas (Lithuanie) ou à Reval (Estonie).

Source du document ci-dessus: Mémorial de la Shoah C 73_15.

En ce qui concerne ce convoi référencé sous le N° 73  en date du 15 mai 1944, Serge KLARSFELD écrit dans le Mémorial de la Déportation des Juifs de France:

« Parmi ces 878 hommes, seulement 12 âgés de 12 à 17 ans. Les autres sont dans la force de l'âge. L'année 1944 est avare de documents en ce qui concerne la section antijuive de la Gestapo; mais cette présence exclusive d'hommes laisse à penser qu'il s'agit peut-être d'un convoi de représailles, comme celui du 4 mars et celui du 6 mars 1943".

Selon Eve-Line BLUM-CHERCHEVSKY ces hommes valides sont envoyés à Kaunas (Lituanie) ou à Reval (Estonie) pour effacer les traces des massacres précédents. Ils sont eux-mêmes exécutés à leur tour pour préserver le secret.

"Mort en déportation" suivant l'arrêté de la Directrice Générale de l'Office national des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 13 août 2015 paru au Journal Officiel  n°231 du 6 octobre 2015 page 18110.

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 996 W Mesures administratives privatives de liberté Boîte 5, 762 W 52,

- Archives Départementales du Puy-de-Dôme 908 W 220, 2 BIB 2019, 2330 W 61,

- Archives Départementales des Vosges 1 R 1963 N° 1854,

- Archives Départementales du Tarn 493 W 125 fonds du camp de Saint-Sulpice-la-Pointe

- Bibliothèque Nationale de France naturalisations sur site Internet Gallica.

- Histoire de Taluyers Guerre 1939-1945 La ferme-école des Eclaireurs Israélites de France (E.I.F.). Dossier transmis par la mairie de Taluyers. Remerciements.

- memorialgenweb

- Mémorial de la Shoah

- yadvashem.org Feuille de témoignage


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