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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier

VITTET Maxime Antoine Jacques 


 

Maxime Antoine Jacques VITTET est  né le 12 décembre 1924 à Châtillon-en- Michaille (Ain). Son père Maxime est polisseur sur métal et sa mère Suzanne née LOVY est sans profession.

Il est domicilié  au N° 75, route de Decize à Moulins (03).

Photo: Archives de la famille.



Il a 18 ans et aide bénévolement des personnes à passer la Ligne de Démarcation.

Repéré par une patrouille allemande il quitte Moulins (03) par mesure de précaution et se réfugie dans son village natal où un de ses oncles le met en rapport avec le maquis début décembre 1943. Il est affecté à un camp au lieudit Guérault près des Plans Hotonnes  dans une ferme isolée près du Crêt du Nu.

Deux semaines plus tard le maquis -avec l’accord du propriétaire- s’empare d’un camion de planches. Maxime VITTET et un chauffeur ont pour mission  de le ramener au camp ! Mais ils tombent en panne à Moulin-de-Charix (01). Le chauffeur s’enfuit. Maxime VITTET reste seul avec une mitraillette, deux grenades défensives et les GMR (Groupes Mobiles de Réserve) du Groupe Minervois de Narbonne cantonné à Nantua qui l'arrêtent et le transfèrent au Commissariat de Nantua en ce 21 décembre 1943.

Il est ensuite interné à la prison Saint-Paul à Lyon. Il est jugé par le Tribunal de la Section Spéciale de Lyon le 14 février 1944 et condamné le 16 à  cinq ans de Travaux Forcés pour «  vol qualifié détention d’armes ».

Source du document ci-contre: Archives de la famille.





Il est  transféré le 22 février 1944 au Préau 4 à la Centrale d’Eysses avec le matricule N° 790 sur le registre d’écrou. A Eysses sont "rassemblés des hommes de toutes origines condamnés par les tribunaux d'exception" selon l'Amicale d'Eysses.

Source du document ci-dessus: Archives Départementales du Lot-et-Garonne 940 W 118.

Il y arrive en pleine insurrection qui a commencé le 19 février dans l'après-midi.

Selon l'Amicale d'Eysses, "Le directeur -Schivo- (condamné à mort et exécuté après la Libération), l'inspecteur des prisons de la région de Toulouse et leurs gardes du corps miliciens fortement armés sont, par surprise, fait prisonniers au cours de leurs visites dans les lieux de détention. Malheureusement, le passage inopiné d'un gardien donne l'alarme, les armes vont devoir parler. Pendant plus de dix heures, la bataille fait rage: les mitraillettes et les grenades, sorties de leurs cachettes par les détenus organisés, s'opposent aux fusils-mitrailleurs de la garde; un patriote résistant est tué pendant l'attaque d'un mirador. Les Allemands, venus à la rescousse, menacent dans la nuit de canonner la prison.
Une négociation a lieu pour échanger les prisonniers devenant des ""otages"" contre la promesse qu'il n'y aurait pas de sanctions. Les combats cessent, mais deux jours plus tard, malgré le parole donnée , une cour martiale est constituée sur les ordres de Darnand. Après un simulacre de procès elle condamnera 24 patriotes à être passés par les armes. Des Français des ""Groupes Mobiles de Réserve"" (G.M.R.) fusilleront douze d'entre eux qui mourront la Marseillaise aux lèvres".

Des mesures restrictives sont prises en représailles à l'encontre des détenus et de leurs familles. Voir ci-dessous.


" En raison des événements graves qui se sont produits récemment, M. le Chef du Gouvernement a décidé
1°-de supprimer les colis de vivres adressés aux détenus par leur famille. Seul reste toléré un envoi mensuel de linge de corps et de sous-vêtements à l’exclusion de tout vêtement de dessus.
2°-d’interdire l’usage du tabac.
3°-de n’autoriser réciproquement qu’une seule correspondance entre un détenu et un membre de sa famille choisi parmi les ascendants, descendants et conjoints légitimes.
4°-de n’accorder qu’une visite mensuelle entre un détenu et un SEUL membre de sa famille choisi exclusivement parmi les parents spécifiés au paragraphe précédent.
Tout colis de vivres arrivant à destination d’un détenu sera versé à la Croix-Rouge française. Il sera d’ailleurs procédé de la même manière pour les timbres-poste inclus dans les lettres.
Toutefois, pour leur permettre des achats en cantine, l’envoi aux détenus d’une somme mensuelle de 300-frs est autorisée.
 Les familles sont priées dans leur propre intérêt de se conformer strictement à la présente réglementation".

                                                   Eysses le 1/3/44                          Le Directeur
  Source du document ci-dessus à droite: Archives de la famille.

Dans sa première lettre à ses parents datée du 26 mars 1944 il donne son adresse.

M. (pour Matricule) 790 

p. (pour préau) 4


Lettre du dimanche 21 mai 1944 - neuf  jours avant le départ- avec le tampon de la Maison de Correction Pénitentiaire d’Eysses.

 

A quoi pense le prisonnier en écrivant sa lettre mensuelle ?

D’abord  éviter la censure, ce qu’il n’avait pas fait en écrivant sa première lettre datée  du 26 mars 1944. Puis ses pensées reviennent sur la famille, la nourriture, l'avenir...
 

Source du document ci-dessus: Archives de la famille.

Le 30 mai plus de 1100 détenus sont «remis aux autorités allemandes», en clair ils sont livrés aux nazis, en l'occurrence la Division Das Reich qui se rendra coupable de la pendaison de 99 otages à Tulle le 9 juin, puis du massacre de 642 personnes à Oradour-sur-Glane le 10 juin.

Cette unique photo des emprisonnés d'Eysses en colonne par cinq, les mains sur la tête, au moment où ils quittaient la Centrale aux mains des S.S.le 30 mai 1944 pour la gare de Penne-d'Agenais (Lot-et-Garonne) où ils allaient être embarqués vers Compiègne, a été prise par un garde mobile d'une fenêtre dominant la cour d'honneur.

Source de la photo: L'insurrection d'Eysses 19/23 février 1944 Une prison dans la Résistance Amicale des Anciens d'Eysses Editions Sociales 1974


« Le 30 mai 1944 l'ordre de départ arrive et ce sont des soldats allemands SS qui prennent la direction des opérations d'évacuation de la centrale. Avec des hurlements accompagnés de coups de crosses nous sommes tous mis en rang devant la centrale. Nous sommes alignés en files interminables, les mains sur la tête, sans aucun paquetage ni objet personnel; certains d'entre nous sont violemment assommés et piétinés. C'est la sauvagerie totale». Source: Alphonse Kienzler Souviens-toi, docteur Weil Ed. Prospective 21 décembre 1992
 
Ils sont transférés à Compiègne dans des wagons à charbon.

Le 18 juin 1944 il est déporté de Compiègne à Dachau où il arrive le 20 dans le convoi N° I.229.


 

Source du document ci-dessus: Mémorial annuaire des Français de Dachau.

Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 10353039.  

Il y reçoit le matricule N° 74 096 et passe la quarantaine au Block 19. Puis il est transféré au Kommando d’ Allach.

Allach: Kommando du KL Dachau. Ce très important Kommando du KL Dachau fait travailler les détenus à différents projets et productions : d'abord pour une manufacture de porcelaine, ensuite pour la firme BMW, enfin pour différents chantiers de l'organisation Todt. Il compte jusqu'à 3850 détenus. Il est situé près de Dachau et est créé le 17 mai 1944.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il y est libéré le 30 avril 1945 par la 1ère Armée américaine.

Document de gauche: Selon son frère Henri,  Maxime VITTET est le troisième en haut en partant de la gauche. Source de la photo : Amicale des Anciens d’Eysses.
Document de droite: Maxime VITTET a ramené sa veste et sa casquette. Source de  la photo: Archives de la famille.


Dans sa lettre envoyée d’Allach à ses parents il explique entre autres les raisons pour lesquelles il a tardé à écrire : tout d’abord son intérêt pour la présence des troupes américaines, puis, comme beaucoup de déportés survivants, il a été malade suite à une alimentation trop abondante.

 

    Source du document ci-dessus: Archives de la famille. 

Après un séjour réparateur  sur les bords du lac de Constance où les survivants ont passé leur convalescence....


Source du document ci-dessus: Archives de la famille.

Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 10353039.

... il est rapatrié  le 28 mai 1945  ...

Source des documents ci-dessus: Archives de la famille.

... et se présente  le 4 juin 1945 au Bureau de Contrôle du Rapatriement à Moulins.

Source du document ci-dessus: Archives de la famille.

Par arrêt de la Chambre de révision de la Cour d'Appel de Lyon en date du 29 novembre 1945 la condamnation à 5 ans de Travaux Forcés prononcée par la Section Spéciale de Lyon le 14 février 1944 pour vol, vol à main armée, détention d'armes, est annulée. La Cour ordonne le retrait du bulletin N° 1 du casier judiciaire ainsi que des duplicatas et la restitution de l'amende et des frais de justice.

Le 26 novembre 1949 à Guerpont (55) il épouse Christiane BERARD qui travaillait en tant que comptable avant son mariage.

A gauche il adhère à l'association de l'Amicale des Anciens de Dachau.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 59791) , il est homologué en tant que Résistant au titre des  D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

A droite la carte de Déporté Résistant N°1.016.36280 lui est attribuée  sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 8 octobre 1968.


Source des documents ci-dessus: Archives de la famille.

Lui sont également attribuées:
- la carte du Combattant à gauche
- la carte du Combattant Volontaire de la Résistance à droite.

Source des documents ci-dessus: Archives de la famille.

Remerciements particuliers à l'Association Nationale pour la Mémoire des Résistants et Patriotes Emprisonnés à EYSSES.

Suivant l'article 1er de l'arrêté du Ministère de la Défense en date du 20 avril 1990, le "Bataillon F.F.I. de la Centrale d'Eysses" est assimilé à une unité combattante pour la période du 9 décembre 1943 au 31 mai 1944.

Maxime VITTET décède le 8 novembre 1995 à Fayence (83).

 

 Sources :

- Amicale d'Eysses

- Archives Départementales de l’Allier 1864 W 1,

- Archives Départementales de l’Ain 180 W 638,

- Archives Départementales du Lot-et-Garonne 940 W 118,

- Archives Départementales du Rhône 1035 W 31,

- Archives du camp de Dachau sur Ancestry.com et JewishGen.org

- Archives de la famille

- Archives Municipales de Moulins 5 H 80

- Amicale des Anciens d’Eysses Le bataillon d’Eysses Imprimerie J. London 1962

- Association Nationale pour la Mémoire des Résistants et Patriotes Emprisonnés à EYSSES

- Bulletin Officiel des Armées Arrêté du 20 avril 1990

- Etat civil de Chatillon-en-Michaille (01)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial annuaire des Français de Dachau  Amicale des Anciens de Dachau 1987

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 59791

- Service International de Recherches d'Arolsen   10353039,


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