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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

BOUDEVILLE Robert


est né le 22 octobre 1908 à Tours (37). Son père Lucien est lieutenant d'infanterie et sa mère Héléna née JOUANNEAU est femme au foyer.

En 1932 il est rédacteur au Ministère du Travail et journaliste à L'Aube, journal de tendance chrétienne-démocrate dont le directeur politique est Maurice SCHUMANN.

Le 13 août 1934 il épouse à Saint-Palais-sur-Mer (17) Juliette ISAAC, fille du Professeur ISAAC, inspecteur de l'Education Nationale, historien et auteur de manuels scolaires.

Photo: Archives de la famille.

Journaliste il entre à l'Agence Havas (agence de presse) en 1935. Envoyé comme correspondant en 1938 il passe plus d'un an dans l'Allemagne nazie dont il a une bonne connaissance. En décembre 1939 il est à Amsterdam (Hollande), puis en 1940 en Roumanie où il travaille pour un service de renseignements. A Bucarest il fait la connaissance de Maurice NÈGRE qui est chargé par le gouvernement français de «recueillir le maximum d'informations de caractère politique».

Il revient en France en 1941 et s'installe à Vichy 10, rue Bintot. Il y retrouve Maurice NÈGRE qui dirige le réseau Super-NAP.

Photo: Archives de la famille.

Juliette et Robert BOUDEVILLE
Robert BOUDEVILLE dans son bureau de l'Agence Havas

Super-NAP: Parallèlement au NAP (Noyautage des Administrations Publiques) fut créée sous l'impulsion de la direction de Libération-Sud (…) une structure qui eut pour fonction de noyauter les ministères à Paris et à Vichy et qu'on appela en conséquence le Super-NAP. Il fut dirigé par Maurice Nègre, fonctionnaire des Affaires étrangères à Vichy, et Bernard de Chalvron. En 1944 le NAP et le Super-NAP fusionnèrent.
Source: Laurent Douzou dans Dictionnaire Historique de la Résistance sous la direction de François Marcot Robert Laffont avril 2006.


Robert Boudeville dans son bureau de l'Agence Havas. Source de la photo ci-contre: Archives de la famille.


Robert BOUDEVILLE en devient l'un des premiers collaborateurs.
En octobre 1943 Maurice NÈGRE doit, par mesure de sécurité, fuir Vichy et remonte sur Paris. Robert BOUDEVILLE le remplace, mais est arrêté à son domicile le 17 octobre 1943 au cours d'une réunion du réseau. Assistent à cette réunion 3 autres personnes selon le témoignage de son beau-frère, Jean-Claude ISAAC dit JANET. L'une de ces personnes est un officier d'aviation, le commandant Gustave LEROY, chef de l'Armée Secrète pour le département de l'Allier.

« Je soussigné Jean-Claude Isaac, dit Janet, certifie avoir été témoin de l'arrestation de mon beau-frère Robert Boudeville efffectuée, en même temps que celle de ma sœur, sa femme, et de 3 amis à son domicile, 9 rue Bintot à Vichy, dans les conditions suivantes: le 17 octobre 1943 vers 20 H 30 nous terminions le diner, ma sœur, mon beau-frère et moi, lorsqu'on frappa à la porte. Quelques jours avant, son collègue à l'O.F.I. (1) était parti brusquement pour Paris, lui confiant la direction à Vichy du groupement de résistance SuperNAP; Robert sentant le danger qu'il y avait à tenir les réunions de ce groupement chez lui, avait décidé d'en transporter à l'avenir le lieu chez un camarade. Ce soir-là était la dernière fois qu'on se réunissait chez lui, d'autant plus que le danger s'était accru du fait de l'arrestation d'un certain dentiste à Vichy; bref trois camarades venaient d'arriver et, en attendant que nous eussions terminé notre repas, étaient passés dans la chambre à coucher attenante.

Ma sœur se leva donc instinctivement et alla ouvrir: aussitôt un individu entra, le revolver au poing, nous criant en français sans trace d'accent: «Haut les mains, Gestapo!».
 
(1) O.F.I.: Office Français d'Information: Agence de presse du Gouvernement de Pétain créée par nationalisation de la section information de l'Agence Havas.
 
 
 
Ils sont emmenés au siège de la Gestapo à Vichy où ils sont torturés, puis ils sont transférés à la prison militaire du 92ème RI à Clermont-Ferrand (63).
 
Il est déporté le 17 janvier 1944 de Compiègne à Buchenwald où il arrive le 19 par le convoi N° I.171. Il y reçoit le matricule N° 41014.  Après la quarantaine il est transféré au camp de Dora.


Dora: Ce camp dépend à l'origine du KL Buchenwald qui n'est situé qu'à environ 80 km. Il a été créé en septembre 1943 pour accueillir dans ses tunnels l'usine de Peenemünde bombardée par la RAF le 17 août 1943. Les déportés travaillent en deux équipes de douze heures. Ils creusent  dans des conditions abominables des galeries dans des tunnels devant abriter des usines souterraines où sont fabriquées les fusées V2 . Ils restent six mois sans voir le jour et couchent à même le sol. La mortalité est très élevée. Dora devient autonome en octobre 1944.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.


Source des documents ci-dessus: Service International de Recherche d'Arolsen transmis à l'AFMD de l'Allier par Jean-Claude ISAAC JANET.


Le 8 avril 1944 il est transféré à Bergen-Belsen que les nazis considèrent cyniquement comme un «camp de repos» alors qu'il s'agit d'un camp-mouroir où les déportés agonisent lentement. Il y reçoit un nouveau matricule, le N° 22560.

Bergen est une petite ville située dans la Lüneburger Heide, à 100 km au sud-ouest de Hambourg et à 65 km au nord-est de Hanovre. La route qui conduit à Hanovre passe par Belsen, ville où a été édifié un camp de prisonniers de guerre lors de la Première Guerre mondiale. En 1941, ce camp reconstruit par des prisonniers de guerre français est d'abord réservé aux prisonniers russes. C'est en avril 1943 que le camp de Bergen-Belsen est mis à la disposition de la SS et devient un KL. On y construit alors un crématoire et les prisonniers de guerre sont évacués vers d'autres camps.
En mars 1944, il devient un « camp de repos » chargé d'accueillir les détenus des autres KL malades, épuisés ou trop âgés, et qui ne sont plus capables de travailler.Le KL Bergen-Belsen est en réalité un camp de concentration dans lequel les SS n'ont aucune intention de remettre sur pied ces malades, car aucun équipement médical particulier n'existe.
En décembre 1944, l'effectif du camp est de 15 227 détenus, dont 8 000 femmes. Il atteint 50 000 en mars 1945, dont 26 300 femmes. La surpopulation du camp génère l'apparition d'épidémies : en mai 1944 une première épidémie de typhus éclate, puis une seconde en janvier 1945 alors que les déportés affluent de plus en plus nombreux.
En avril 1945, alors que le crématoire ne suffit plus à faire disparaître les victimes, des fosses sont creusées pour enterrer les centaines de décès quotidiens. Le 5, les SS brûlent les registres du camp et le quittent le 12, laissant la garde à 1 500 Hongrois.
Le 15 avril 1945, les Britanniques entrent sans combat dans le camp et y découvrent environ 60 000 hommes et femmes. En tout, sur les quelques 125 000 déportés, environ, passés par Bergen-Belsen, Eberhard Kolb estime que 37 000 sont morts avant la libération du camp, et 13 000 après et jusqu'à la fin du mois de juin.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il décède le 4 juin 1944 à Bergen Belsen selon l'état civil de Vichy et le JO N° 277 du 28 novembre 1991.


Le Président du Gouvernement provisoire de la République cite à l'ordre de la Nation le 20 mai 1946: "M.Boudeville (Robert), correspondant de l'agence Havas, pour le motif suivant: dès la fin de 1940, devenu directeur du poste Havas en Roumanie, a travaillé à la création d'un service de renseignements travaillant avec les armées alliées et est devenu très vite un des agents les plus actifs du service régulier d'information établi entre Bucarest et Stamboul. Revint en France en 1941 et fut un des premiers collaborateurs du Supernap. En octobre 1943, fut arrêté par la Gestapo, torturé, puis déporté à Buchenwald, Dora et Bergen-Belsen où il mourut en juin 1944. Au cours de ses terribles épreuves, montra le plus grand courage, la plus grande abnégation et un patriotisme qui ne se démentit jamais".

Source du document ci-contre: Extrait du Journal Officiel N°118 du 21 mai 1946 page 4397 Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica.

"Mort pour la France"

Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume suite au décret du 21 juin 1946 paru au Journal Officiel du 22 juin 1946.

Son épouse Juliette née ISAAC et son beau-frère Jean-Claude, agent de liaison au réseau Super-NAP, sont déportés par mesure de persécution à Auschwitz dans le convoi N° 61. La Gestapo arrête à Riom (63) Laure, la mère de Juliette et de Jean-Claude. Elle est également déportée dans le convoi N° 61. Seul son mari, le Professeur ISAAC, inspecteur général de l'Education Nationale, historien et auteur des manuels scolaires Malet-Isaac, échappe à l'arrestation: il était chez le coiffeur.

Des quatre membres de la famille seul Jean-Claude ISAAC reviendra. Selon lui sa mère et sa sœur ont été gazées à l'arrivée.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 76618), il est homologué en tant que Résistant au  titre  des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes).

Robert BOUDEVILLE est déclaré "Mort en déportation" suivant l'arrêté du Secrétariat d"Etat aux Anciens Combattants en date du 10 octobre 1991 paru au Journal Officiel N° 277 du 28 novembre 1991.



Sources:

- Archives de la famille

- Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica

- Bidault Suzanne Souvenirs de guerre et d'occupation La Table Ronde 1973

- Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains

 - Centre de Documentation Juive Contemporaine

- Douzou Laurent dans Dictionnaire Historique de la Résistance sous la direction de François Marcot Robert Laffont avril 2006

- Etat civil de Tours (37)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- MemorialGenWeb site Internet

- Noguères Henri en collaboration avec Marcel Degliame-Fouché Histoire de la Résistance en France Tome 3  Robert Laffont 1972

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 76618)

 - Témoignage écrit de Jean-Claude ISAAC dit JANET

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