Il s'installe à Gannat en 1925 et épouse Gabrielle REINE le 5 août 1926 à Lalizolle. Ils ont trois enfants, Marthe, Emilienne et Jean. Il exerce le métier de couvreur et est domicilié route de Vichy à Gannat.
Témoignage de Claude CARTON, résistant communiste à Gannat, sur les BERTIN où la résistance est une affaire de famille:
«Il faut dire que toute la famille BERTIN était impliquée dans la Résistance. Dès 1940 elle avait hébergé plusieurs responsables du Parti avant qu'ils aient pu trouver une planque plus sûre. Jules, le père, était la cheville ouvrière du Parti jusqu'à son passage dans la clandestinité. Maman Bertin s'arrangeait pour nourrir et quelquefois habiller ses hôtes de passage; ils étaient souvent plusieurs en même temps, ce qui ne facilitait pas les choses étant donné les restrictions. (…) Emilienne, dite Lelette, travaillait comme serveuse à l'Hôtel de l'Agriculture où logeaient parfois des Allemands, et qui était surtout le lieu de rendez-vous des officiers en garnison à Gannat.Elle pouvait ainsi glaner des renseignements précieux. Jeannot était agent de liaison et conduisait souvent des camarades cheminots ou postiers chez moi. (…) Jeannot qui avait alors quatorze ans! transportait outre des tracts des explosifs! Je ne pense pas que beaucoup de familles aient été aussi dangereusement impliquées dans la résistance. En effet, même quand Jules devint clandestin, puis quand il fut arrêté plus tard, l'accueil des clandestins continua ainsi que les liaisons.»
Jules BERTIN entre comme agent de liaison au Front National et rejoint le Maquis Dionnet devenu Camp Marceau dans la Forêt des Collettes à Veauce (03).
Il est arrêté le 22 janvier 1944 lors d'un barrage routier établi par la Gestapo à Lafeline (03). Il est en possession d'un revolver.
Témoignage de Georges BLANCHARD -l'instituteur de Lafeline (03) qui vient lui-même d'être arrêté- sur l'arrestation de Jules BERTIN:
«La Gestapo contrôle ceux qui passent sur la route. Un cycliste est contrôlé et continue son chemin. Après un instant la Gestapo le poursuit en voiture, le rattrape avant Reugny, l'arrête, le fouille. Il porte un revolver. C'est un résistant, camouflé au «Bon Coin», charpentier, originaire de Gannat. Il monte avec nous dans le camion.
Camions et voitures de la Gestapo reviennent à Lafeline, les soldats s'alignent devant le mur du cimetière. Va-t-on nous fusiller? Un ordre… tout le monde remonte, direction Saint-Pourçain-sur-Sioule.
A Saint-Pourçain Louis FORT et BERTIN sont descendus du camion; plus tard j'apprendrai qu'on les a emmenés à la Gestapo à Vichy».
Il est ramené ultérieurement à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (03), puis il est transféré à Dijon (21) et Compiègne.
Le 10 février 1944 il est déporté de Compiègne pour une destination non connue. Etant en possession d'un revolver au moment de son arrestation son cas a pu relever de la Procédure "Nuit et Brouillard" qui réprime sévèrement entre autres la détention d'armes et qui prévoit que ceux à qui elle s'applique doivent disparaître sans laisser de trace, ce qui est le cas de Prosper Jules BERTIN dont le nom ne figure pas dans le livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. Les recherches du Service International de Recherche d'Arolsen auprès de la Croix-Rouge polonaise n'ont pas abouti, car "la personne recherchée n'apparaît pas dans les archives des pertes du centre international de la Croix-Rouge polonaise".
Il décède
- le 10 février 1944 selon l'état civil de Lalizolle et de Gannat ainsi que le JO N° 72 du 26 mars 2008
- le 15 mai 1945 en Allemagne selon la Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.
"Mort pour la France"
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