Nommé capitaine en 1933 il suit les cours de l'Ecole Supérieure d'Electricité (section Radio) à Paris à partir de septembre 1932.
De la déclaration de guerre à l'invasion de la Zone Sud
Le 3 septembre 1939 quand la guerre éclate le capitaine ROMON effectue son temps de commandement au 38ème Régiment du Génie à Montargis (45). Il est mobilisé au Grand Quartier Général du Général GEORGES, Commandant en chef le Front Nord-est à Paris où il se morfond, demandant en vain à être affecté sur le front. A la signature de l'Armistice il souhaite continuer le combat en Afrique du Nord française et ne veut pas rester en France occupée.
Deux mois après la signature de l'Armistice il a la chance d'être affecté en Zone Libre. Le 10 août 1940 il est nommé Directeur Technique du GCR (Groupement de Contrôles Radioélectriques) et Directeur du principal centre à Hauterive (03). Le chef en est le commandant Paul LABAT.
Gabriel ROMON fait partie des 6 officiers des Transmissions qui sont transformés en ingénieurs civils des PTT, donc rattachés au Secrétariat d'Etat aux Communications, pour échapper au contrôle des Commissions d'Armistice. Sous le couvert d'écoutes de presse et d'écoutes commerciales le GCR travaille en fait pour le 2ème Bureau français et le M16 de l'Intelligence Service Britannique.
Quelques exemples
- établissement des schémas radio de la Gestapo et de la Wehrmacht
- analyse de l'ordre de bataille des forces allemandes
- interception des émissions allemandes et transmission à Londres
- transmission au groupe clandestin de décryptage "PC Cadix" de messages allemands interceptés et cryptés «Enigma».
La résistance secrète
Le 11 novembre 1942 suite au débarquement des Alliés en Afrique du Nord, les Allemands envahissent la Zone Sud et contrôlent tout. Il s'agit maintenant pour le commandant ROMON d'adapter ses activités de résistance à la situation nouvelle. Il ne bénéficie plus de la couverture de sa hiérarchie militaire. Les risques inhérents à tout acte de résistance sont accrus.
En juillet 1943 suite à l'arrestation par la Gestapo de plusieurs de ses collègues engagés dans la Résistance, Gabriel ROMON est muté à Paris pour l'éloigner du danger: il est nommé directeur des Services Techniques de la TSF des PTT. Mais, au lieu de prendre ses distances avec la Résistance, il s'engage de plus en plus dans des activités secrètes. Depuis mars 1943 Gabriel ROMON est Commandant des Transmissions de l'Armée Secrète, agent du réseau Super-NAP en tant que responsable du secteur radio.
Le commandant ROMON crée en même temps un groupe clandestin d'opérateurs radio, le Service des Transmissions nationales (STN), pour continuer à transmettre aux Alliés des renseignements sur les forces d'occupation et préparer le débarquement. En avril 1943, il met le STN à la disposition du très important réseau "Alliance", dont il devient le responsable radio sous le pseudonyme de Cygne.
L'arrestation
Le commandant ROMON, marié et père de trois enfants, revient passer la fin de la semaine en famille à son domicile 86, route de Thiers à Saint-Yorre (03). C'est là qu'il est arrêté par la Gestapo le dimanche 12 décembre 1943 dans l'après-midi.
Trois hypothèses sont avancées pour cette arrestation: un agent de la Gestapo infiltré au réseau Alliance? ou un ancien opérateur radio du GCR passé à la Milice? ou une imprudence? Témoignage de Jacques LEYSER: " J'ai été arrêté à Vichy par la Gestapo le 13 décembre 1943. Le lendemain ou surlendemain j'ai pu prendre contact en cellule avec le commandant Romon qui, après son arrestation, venait d'être confronté avec un nommé Gaqrrigues-Perrières et qui m'a confié qu'il avait été arrêté sur dénonciation de cet individu (...) Le commandant ROMON m'a indiqué que mis en présence de Guarrigues-Perrières dans les bureaux de la Gestapo, celui-ci avait déclaré que le commandant recrutait des radios pour la Résistance (Source: ROMON François Les écoutes radio dans la Résistance française 1940-1945 Nouveau monde Editions 2017). Ex-agent du G.C.R passé à la Milice, Max Guarrigues-Perrières sera condamné le 28 novembre 1945 à 20 ans de travaux forcés et à la dégradation nationale à vie par la Cour de Justice de l'Allier.
De prison en prison
Gabriel ROMON est interné à la prison militaire allemande de Moulins surnommée la Mal-Coiffée, puis le 1er février 1944 à la prison allemande de Fresnes où sont regroupés les membres du réseau "Alliance". Classé N.N. c'est-à-dire devant disparaître dans «la Nuit et le Brouillard», il est transféré le 16 décembre 1943 à la prison de Strasbourg où il est interrogé par l'AST (AbwehrSTelle Service de Renseignements de l'Armée allemande). Le 15 février 1944 il est transféré à la prison de Kehl, puis le 27 avril 1944 à la prison de Fribourg-en-Brisgau pour comparaître devant le Tribunal de Guerre Allemand.
Le jugement
Le 24 juin 1944 le Tribunal de Guerre de Fribourg-en-Brisgau juge 24 membres du réseau "Alliance" dont le commandant Gabriel ROMON. Ils sont tous condamnés à mort pour «espionnage». Mais le verdict ne leur est pas communiqué à l'issue du procès.
Le 27 juin 1944 ils sont transférés à la prison de Schwäbbisch Hall et ce n'est que le 20 août qu'un officier leur communique la sentence: «condamnés à mort par fusillade».
Le 21 août a lieu le dernier transfert vers la Caserne Schlieffen de Heilbronn. C'est au champ de tir d'Heilbronn que les 24 sont fusillés 8 par 8 le 21 août 1944 après avoir reçu l'assistance d'un prêtre, refusant qu'on leur bande les yeux aux cris de "Vive la France".
Le dernier vœu des 24 condamnés qui avait été d'«être enterrés en France» sera exaucé par le réseau "Alliance" qui rapatriera les corps en juin 1947 à Strasbourg.
Gabriel ROMON, "Mort pour la France" à 39 ans, a été promu lieutenant-colonel à titre posthume, il a été décoré de la Médaille de la Résistance et fait Chevalier de la Légion d'honneur. Les obsèques officielles du lieutenant-colonel Gabriel ROMON ont lieu le 27 décembre 1947 en l'Eglise Saint-Louis des Invalides à Paris.
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