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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
FORESTIER Jean
 
 
Photo transmise par René Chevasson


est né le 18 juin 1923 au domicile de ses parents au bourg de Lusigny (03). Son père Pierre et sa mère Francine née FOURNIER  tiennent l'épicerie «Le Casino» au bourg de Lusigny. Jean est le dernier d'une famille de 4 enfants.

Il est mécanicien au garage Peugeot avenue Théodore de Banville à Moulins (03).


Photo: Archives de René Chevasson.


Selon l'attestation du maire de Lusigny en date du 2 avril 1946, Jean FORESTIER
"- s'est toujours refusé à aller prendre la garde sur la ligne de chemin de fer à Montbeugny, ne voulant pas servir les Allemands
- a toujours manifesté l'intention de s'engager pour servir la France
- menacé de partir pour le S.T.O. - car il travaillait dans un garage à Moulins- il a essayé en mars 1943 de rejoindre l'armée du Général de Gaulle".

Il quitte son domicile le 28 février et est arrêté le 5 ou le 6 mars 1943  en tentant de franchir la frontière espagnole pour rejoindre les Forces Françaises Libres en Afrique du Nord.

Il est interné à la Citadelle de Perpignan (66) jusqu'au 15 mars 1943, date de son transfert à Compiègne.

Le 28 avril 1943 il est déporté de Compiègne à Sachsenhausen où il arrive le 30 dans le convoi N° I.95. Il reçoit le matricule N° 65187 et, après la quarantaine, il est transféré à Redzow-Neustrelitz, un kommando dépendant de Ravensbrück, puis à Ellrich, Kommando dépendant du camp de Dora  où il reçoit un nouveau matricule, le N° 114198.

 

 
Il décède le 8 mars 1945 à Ellrich (Allemagne) selon l'état civil de Lusigny et le JO N° 144 du 24 juin 2009. La date est confirmée par le témoignage écrit de René de CUERS , né le 13 octobre 1911 à Paris, matricule à Sachsenhausen N°66167.

"Jean FORESTIER travaillait dans un kommando très dur. Il chargeait, dans des wagonnets, les pierres extraites  des tunnels en percement, puis poussait les wagonnets lourdement chargés vers une décharge. Les wagonnets roulaient sur une voie Decauville très défectueuse, ils déraillaient souvent, il fallait les remettre en place sur la voie. Ce travail exigeait un effort considérable de la part de ces hommes complètement épuisés par le froid, la faim et les coups qui pleuvaient, tant de la part des Vorabeiter (contremaîtres, en général des détenus de droit commun) que des Meister (maîtres ou patrons) civils aussi féroces et sans pitié les uns que les autres à l'égard du pauvre bétail que nous représentions (...).
Nous étions au block mille hommes affamés depuis le matin nous n'avions touché qu'une maigre soupe et chacun attendait la deuxième soupe avec une impatience de loup vorace bien compréhensible. Je restai avec Jean Forestier qui mourut à ce moment-là - il pouvait être vingt-deux heures- sans dire un mot, ne voulant pas fermer ses yeux noirs, encore pleins d'une volonté farouche, qui semblaient jeter l'anathème sur l'injustice et la férocité de ses bourreaux. Je fermai ses yeux, ne voulant pas croire à la réalité qui fauchait une vie si jeune et si innocente de tout crime. Il était resté digne et noble."
Source: Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains 21 P 450 980.

Son nom figure sur le "Relevé des noms de 740 prisonniers politiques de nationalité française décédés au camp d'Erich du 1er mai 1944 au 1er avril 1945".

Note: Les nazis, sadisme oblige, adoraient attribuer des prénoms aux Kommandos: Erich pour Ellrich. Autres exemples: Julius, Laura, Dora.

Source: Liste transmise par l'Association Française Buchenwald Dora et Kommandos.

«Mort pour la France»

La carte de Déporté Politique N° 1.163.0323 lui est attribuée à titre posthume sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 15 juillet 1954 et délivrée à son ayant-cause Madame Francine FORESTIER en qualité d'ascendant.

DIAC Clermont-Ferrand

Source: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

Son nom figure au Monument aux Morts de Lusigny.

Source de la photo ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier.

"Mort en déportation" suivant l'arrêté du Secrétariat à la Défense  en date du 7 avril 2009 paru au Journal Officiel N°144  du 24 juin 2009.

Sources:

- Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains 21 P 450 980

- Etat civil de Lusigny (03)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Témoignage et archives de René Chevasson
 
 
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