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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
BERNAYS Ernest

est né le 14 avril 1888 au domicile de ses parents 28, rue Meslay à Paris (3ème). Son père Emile est négociant et sa mère Anna née LIEBMANN est sans profession.

Il exerce le métier d'exportateur et est domicilié au N° 10, Cité d'Hauteville à Paris (10ème) quand le 23 octobre 1922 il épouse Victoire Louise Pauline BELLE à Carpentras (84). Ils n'ont pas d'enfant.

En 1935 il quitte Colmar (68) où il est marchand de tissus pour venir s'installer à  Vichy (03). Représentant de commerce il est domicilié 82, avenue Poincaré avec son épouse, sa mère et une belle-sœur. Puis, selon une note de renseignements de la police (AD03 1799 W 259), " dès l'ouverture des hostilités a travaillé à la Mairie de Vichy en qualité d'employé auxiliaire au service des cartes d'identité où il est resté jusqu'au début de 1941, époque à laquelle tous les employés juifs ont été licenciés".

Source de la photo ci-contre: © Mémorial de la prison de Montluc transmise par l'ONACVG 03. Remerciements.


 
La note des Renseignements Généraux en date du 5 juin 1942 et la lettre du Commissaire Divisionnaire de Vichy à son supérieur sont nettement défavorables et orientées et procèdent parfois de la désinformation.

Ainsi, la note indique  que "BERNAYS Ernest, qui s'appellerait en réalité BERNHEIM, se dit né le 14 avril 1888 à Paris". L'état-civil de Paris (3ème) prouve qu'Ernest BERNAYS est bien son véritable nom et qu'il est bien né à cette date.

Plus loin dans la même note: "Divorcé ou veuf d'une de ses anciennes coreligionnaires, il a épousé à Carpentras (Vaucluse) le 28.10.1922 une nommée BELLE née à Nice le 14.6.1895, aryenne de confession catholique qu'il avait à son service comme bonne". L'état-civil de Paris prouve qu'il n'a jamais été marié auparavant! En outre, on lui prête des relations ancillaires, mais il est indiqué sur l'acte de mariage que son épouse,Victoire Louise Pauline BELLE, est la fille d'un industriel et qu'elle est sans profession. Difficile d'imaginer qu'en 1922 la fille d'un industriel aille faire le ménage chez autrui!
 

La même note insinue que "BERNAYS qui se dit représentant de commerce ne semble pas exercer une profession bien déterminée".

Le Commissaire Divisionnaire prend le relais le 25 février 1943: " M.BERNAYS est actuellement en voyage avec sa femme pour 3 ou 4 jours. Le susnommé se déplacerait très souvent et ne resterait que très peu de temps à Vichy entre chaque voyage.
En conséquence, un arrêté d'éloignement peut être pris à l'égard de cet indésirable qui semble n'avoir rien à faire dans l'agglomération vichyssoise".

Un représentant de commerce qui voyage, c'est suspect!!! Et un suspect peut vite se transformer en "indésirable"!

Source du document ci-contre: Archives Départementales de l'Allier 1799 W 2947.14/259.

Il est expulsé de Vichy suite à l'arrêté du Chef du Gouvernement en date du 9 mars 1943 (voir ci-dessus) avec l'interdiction habituelle  de "s'établir dans une autre commune des départements de l'Allier et du Puy-de-Dôme". Une copie du procès-verbal lui est remise, mais il refuse de la signer. Néanmoins en avril 1943 il est autorisé à  revenir à Vichy un jour par quinzaine sur décision du directeur  de la Police 8ème Bureau. C'est son épouse Louise BERNAYS qui prend connaissance de l'autorisation accordée.


Source du document ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier 1799 W 259.

 

Il est arrêté le 31 juillet 1944 à Lyon (69) à la terrasse d'un café sans doute au cours d'une rafle de la Gestapo et est interné à la prison de Montluc (Dossier N° 3236).

Il est déporté le 11 août 1944 de Lyon-Perrache dans le train N° 14166. Il s'agit d'un convoi mixte composé d'hommes et de femmes arrêtés par mesure de répression ou de persécution. Ce convoi est recensé sous le N° I.263 dans le livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation pour les déportés par mesure de répression et sous le N° 78 dans le Mémorial de la Déportation des Juifs de France de  Serge Klarsfeld pour les déportés par mesure de persécution.

Source du document ci-dessus extrait de la liste du convoi N° 78: Mémorial de la Shoah C 78_5.

Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du convoi N° 78: " Ce train 14166 est parti de Lyon le 11 août avec environ 650 personnes.(...) Il y avait 438 hommes, 12 enfants, 200 femmes. Selon le calendrier d'Auschwitz le 22 août, une arrivée de France aurait eu lieu avec sélection de 117 hommes (matricules B 9622-B9738) et de 63 femmes (A 25278-A 25340). Le calendrier conclut ""128 gazés"".

 

Ernest BERNAYS décède le 31 octobre 1944 à Auschwitz (Pologne) selon l'état civil de Vichy et de Paris (3ème) et le JO N° 25 du 30 janvier 2008.

«Mort pour la France»

" Mort en déportation" suite à l'arrêté du Secrétariat d'Etat à la Défense en date du 16 janvier 2008 paru au Journal Officiel N° 25 du 30 janvier 2008.

 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1580 W 7, 1799 W 259,1799 W 2947.14/259,

- Archives Départementales du Rhône 3335 W 29, 3335 W 10

- Centre de Documentation Juive Contemporaine

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Lyon

- Etat civil de Paris (3ème), de Carpentras (84) et de Vichy (03)

Klarsfeld Serge  Mémorial de la Déportation des Juifs de France  1978

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial de la prison de Montluc transmis par ONACVG de l'Allier

- MemorialGenWeb  site internet
 
 
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