ROCH Louis
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Est né le 26 décembre 1891 à Jassy (Roumanie). Il est le fils de Lazare et d'Ita née BABALAN. Célibataire il est naturalisé Français par décret du 31 janvier 1926 ou 1929 selon les sources.
Domicilié 4, avenue de Lamballe à Paris (16ème), il est administrateur des Etablissements de confection ROCH au N° 68, rue d'Hauteville. Suite au déménagement de son appartement par les autorités allemandes, il se réfugie le 15 juin 1940 à Vichy (03) à l'Hôtel du Rhin avenue des Célestins. Il est propriétaire du Comptoir Textile du Centre, magasin de confection et tissus en gros au rez-de-chaussée du 6, rue Burnol à Vichy et est inscrit depuis le 27 janvier 1941 au Registre du Commerce de Cusset (03) sous le N° 12724. Il est titulaire de la carte d'acheteur de textile N° 043.993.
Il se fait recenser à Vichy en tant que Juif français conformément à la loi antisémite du 2 juin 1941 de l'Etat Français.
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Source: Archives Départementales de l'Allier 756 W 1.
Il est mis sous administration provisoire selon l'arrêté paru au Journal Officiel de l'Etat Français N° 181 du 30 juillet 1942 page 2619.
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Source du document ci-dessus: Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica.
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Jean-Pierre AZÉMA et Olivier WIEVORKA expliquent l' "intérêt" pour l'Etat Français de mettre les entreprises juives sous administration provisoire: « Pour rompre leur (1) influence économique supposée, Vichy, désireux d’aligner le Sud sur les mesures prises dès le 18 octobre 1940 par les Allemands, aryanise les entreprises (22 juillet 1941). Les propriétaires juifs sont dépossédés de leurs biens, confiés à des ¨¨administrateurs-gérants¨¨ qui réalisent souvent de fructueuses affaires. Pour un bien aryanisé, les services français reçoivent couramment de 10 à 15 demandes émanant de bons Français… Ces dispositions ont un but affiché : marginaliser. De fait on estime qu’à l’été 1941, plus de la moitié de la communauté se trouve privée de tout moyen d’existence ». (1) l’influence des Juifs. Source : Vichy, 1940-1944 Jean-Pierre Azéma Olivier Wievorka Editions Perrin 2004.
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Il est radié du Registre du Commerce le 9 mars 1943 et va habiter à Clermont-Ferrand où il est fiché.
Le 22 septembre 1943 il vient voir son successeur, Madame DORSEMAINE. Par malchance, ce jour-là la Gestapo de Vichy effectue une rafle chez le docteur Jean SABATIER, chirurgien-dentiste, domicilié au 1er étage du 6, rue Burnol, mais aussi membre important du réseau "Alliance".
"Un premier voyage de la Gestapo effectué avec deux voitures vers midi et demi transportaient les hommes, Boulevard des Etats-Unis. Un second voyage des mêmes voitures emmenait les femmes et les enfants. Au moment du 2ème voyage, Monsieur ROCH, ex-propriétaire du Comptoir Textile du Centre 5, rue Burnol, qui est israélite, venait voir Madame DORSEMAINE, son successeur. Se rendant compte que la Gestapo effectuait des arrestations dans la maison et se sachant recherché par celle-ci, il essaya de se dissimuler en entrant à l'aide d'une clé qu'il possédait dans son ex-appartement, ce que voyant et le reconnaissant les allemands procédèrent à son arrestation". (Source: Archives Départementales du Puy-de-Dôme 908 W 168.)
Louis ROCH est emmené au 125, Boulevard des Etats-Unis, siège de la Gestapo à Vichy. Il est transféré le 15 octobre à Drancy où il reçoit le matricule N° 6537.
Il est déporté le 28 octobre 1943 de Drancy à Auschwitz par le convoi N° 61.
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Source du document ci-dessus: Service International de Recherche d'Arolsen 1.1.9.1 / 11183609.
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Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du convoi N° 61: " Le train est parti à 10 h 30 de Paris /Bobigny avec 1000 Juifs; chef d'escorte, le meisterder Scupo Schramm. 125 enfants de moins de 18 ans se trouvent dans ce convoi. (...) 284 hommes ont été sélectionnés à l'arrivée avec les les matricules 159546 à 159829; de même pour 103 femmes, matricules 66451-66533. 613 gazés. En 1945, 42 survivants dont 3 femmes".
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Il décède au cours de la Shoah selon Yad Vashem.
Selon la loi du 15 mai 1985 dite Loi Badinter
Article 3 - Lorsqu'il est établi qu'une personne a fait partie d'un convoi de déportation sans qu'aucune nouvelle ait été reçue d'elle postérieurement à la date du départ de ce convoi, son décès est présumé survenu le cinquième jour suivant cette date, au lieu de destination du convoi.
Louis ROCH est décédé le 2 novembre 1943 à Auschwitz (Pologne). Curieusement alors que Louis ROCH est déjà déporté et peut-être déjà décédé à Auschwitz à 52 ans, la Commission de Révision des Naturalisations s'intéresse à sa personne. La Préfecture de Police de Paris sur instructions du Garde des Sceaux demande à la Préfecture du Puy-de-Dôme "d'apprécier s'il convient de le maintenir dans la communauté française". Le Préfet du Puy-de-Dôme contacte le 1er décembre 1943 le Préfet de l'Allier qui contacte le 9 décembre le Sous-Préfet de Vichy qui répond le 21 décembre au Préfet de l'Allier qui a déjà écrit le 19 décembre 1943 au Garde des Sceaux dans sa conclusion que " Durant son séjour à Vichy, sa conduite et sa moralité n'ont donné lieu à aucune remarque défavorable. Son attitude politique était correcte et rien n'a été relevé à son encontre".
Sources:
- Archives Départementales de l'Allier 756 W 1, 1289 W 91, 996 W Police des Etrangers Révision des naturalisations,
- Archives Départementales du Puy-de-Dôme 908 W 168
- Archives du Greffe du Tribunal de Commerce de Cusset (03)
- Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica
- Centre de Documentation Juive Contemporaine
- Klarsfeld Serge Liste des transferts à Drancy
- Klarsfeld Serge Mémorial de la Déportation des Juifs de France 1978
- Service International de Recherche d'Arolsen 1.1.9.1 / 11183609
- yadvashem.org
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