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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

Famille

FOGIELMAN
 
 

En mémoire d'Estera, Anna, Paulette, Jacqueline et Michel
 
 
Anna Paulette
                    ANNA               PAULETTE
 
 
Estera
                                           ESTERA
 
 
Jacqueline Michel
        JACQUELINE                          MICHEL
 

La famille FOGIELMAN se compose de

FOGIELMAN Abraham Jacob dit Albert né le 18 août 1904 à Radomsk (Pologne), fils de Moch et Laya née JABLOUSKA

FOGIELMAN née FOGIELMAN Estera Liwcia née le 21 décembre 1909 à Radomsk (Pologne), fille de Jukiel et Chana née BERKOWICZ

Anna née le 8 avril 1930 à Paris (4ème)

Paulette née le 14 mai 1932 à Paris (4ème)

Samuel né le 19 octobre 1933 à Paris (4ème)

Charles né le 30 mai 1935 à Paris (4ème)

Jean né le 6 janvier 1937 à Paris (4ème)

Jacqueline née le 21 mai 1938 à Paris (4ème)

Marguerite née le 19 janvier 1940 à Paris (4ème) 

Michel né le 27 octobre 1942 à Saint-Pourçain-sur-Sioule (03).
 
 

Albert et Estera quittent la Pologne pour chercher du travail et arrivent en France le 15 octobre 1927. Comme beaucoup d'immigrants juifs d'Europe centrale ils s'installent à Paris dans le 4ème arrondissement au 56, rue de la Verrerie plus précisément. Ne pouvant trouver d'emploi dans sa spécialité - menuiserie ébénisterie- Albert opte pour la confection. Il est repasseur, puis tailleur.

Saint-Pourçain-sur-Sioule

En 1940 Albert et Estera fuient la capitale et viennent se réfugier avec leurs sept enfants à Saint-Pourçain-sur-Sioule (03). Ils trouvent d'abord à se loger chez Madame BRIAT au Deffand. Albert est volontaire pour s'engager dans la Légion Etrangère, mais est reconnu inapte. Puis ils vont s'installer rue des Fossés de la Ronde, au 11 exactement selon la liste des Juifs ayant souscrit une déclaration dans le département de l'Allier conformément à la loi antisémite du 2 juin 1941 de l'Etat Français.

Les parents se font recenser comme Juifs étrangers conformément à la loi du 2 juin 1941 promulguée par l'Etat Français.
 
 

Source: Archives Départementales de l'Allier 756 W 1.

Les enfants sont scolarisés à l'Ecole Michelet pour les filles et l'Ecole Marcellin Berthelot pour les garçons.
 
 
Abraham dit Albert

Albert est «incorporé» en tant que manœuvre au 91ème G.T.E. (Groupement de Travailleurs Etrangers) de Saint-Pourçain-sur-Sioule (Document 1). Puis il est muté au 664 ème G.T.E de Saint-Georges-d'Aurac (Haute-Loire) et devient le numéro 664.156 . Il est détaché à l'usine d'arsenic d'Auzon (Haute-Loire) où il effectue contre un salaire de misère des travaux dangereux et malsains (Document 2).

Source de la photo ci-contre: Archives de la famille.

Archives de la famille Archives de la famille
             Sources des documents ci-dessus: A gauche: Archives Départementales de l'Allier 996 W 778 W 112. Au centre et à droite: Archives de la famille.


Estera étant seule pour élever leurs sept enfants et, étant enceinte du huitième, elle formule une demande de rapprochement familial qui aboutit et le 29 août 1942 Albert quitte Saint-Georges-d'Aurac avec des problèmes cardiaques et est de nouveau affecté au 91ème G.T.E. à Saint-Pouçain-sur-Sioule.

Mais leur joie est de courte durée, car par circulaire préfectorale ils sont menacés d'expulsion et devraient, comme un certain nombre de familles juives, quitter le département avant le 25 septembre 1942. Estera s'adresse à l'U.G.I.F. (Union Générale des Israélites de France) pour qu'ils placent quatre de ses enfants.

Source du document ci-contre: Archives Départementales de l'Allier 996 W 778 W 112.

U.G.I.F. (Union Générale des Israélites de France): organisme créé par le gouvernement de Pétain le 29 novembre 1941 à l'instigation des nazis pour regrouper et contrôler les associations juives d'« assistance, de prévoyance et de reclassement social». L'Œuvre de Secours aux Enfants fut intégrée à cet organisme à son corps défendant.
 
 
Après de multiples tractations dues au manque de place à l'internat garçons les trois fils, Samuel, Charles et Jean, sont placés au Château des Morelles à Broût-Vernet géré par l'O.S.E. (Œuvre de Secours aux Enfants).
 
 
Quant à Marguerite elle est placée en nourrice chez Madame BRIAT qui «se chargera de la garde et de l'entretien de la fillette moyennant un salaire de 400 francs par mois» selon une attestation du Docteur HUGUET, maire de Saint-Pourçain-sur-Sioule.
 
 
En mars 1944 Estera est totalement angoissée et vit un véritable cauchemar. Cela fait deux mois qu'elle est sans nouvelles de ses fils placés à Broût-Vernet.

De plus la rafle du 23 mars 1944 au cours de laquelle 14 personnes (12 résistants et 2 Juifs) sont arrêtées à Saint-Pourçain-sur-Sioule ne fait qu'accentuer sa détresse. Enfin elle pense que les Allemands ont emmené son mari, mais ce dernier a en fait été transféré sur un chantier de travaux publics à Busigny dans le Nord.
 
 
Archives de la famille
 
Se sentant de plus en plus seule et de plus en plus menacée elle demande dans sa dernière lettre datée du 25 mars 1944 au secrétaire du Comité Israélite de placer ses trois filles pour ne garder que Michel qui a un an et demi.
 
 

La rafle du 12 mai 1944 à Saint-Pourçain-sur-Sioule

La Gestapo de Vichy rafle 4 résistants et 15 Juifs: la famille LÉVY qui comprend 7 personnes dont 5 enfants, la famille WEILL dont un enfant et la famille FOGIELMAN.
En ce qui concerne la famille FOGIELMAN sont arrêtés au domicile: Estera qui est enceinte, Jacqueline et Michel.

Deux policiers allemands en civil se rendent à l'Ecole Michelet, vont voir la directrice Madame DIONNET qui les accompagne dans les classes. Ils arrêtent Anna et Paulette.

Dans son témoignage l'institutrice de Paulette, Mademoiselle Simone D……, explique qu'étant prises de court ni la directrice ni elle-même n'ont pu gagner du temps ou opposer de refus aux demandes des deux policiers allemands.
 
 

L'internement

Les 19 personnes sont emmenées à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins, puis le 26 mai les familles FOGIELMAN, LÉVY et WEILL sont transférées à Drancy.
 
 

Reçu N° 5157 du carnet à souche N°143 établi à Drancy lors de la fouille des internés

On y trouve:

- Le numéro de matricule 23285

- Le nom: Mme FOGELMAN Esther

- Le dernier lieu de résidence: St Pourçain (Allier)

- La somme en toutes lettres et en chiffres et les objets de valeur

- Le lieu d'internement: P.A. Moulins (Police Allemande)

- La date d'arrivée au camp: 26 mai 1944

- La signature du Chef de la Police du Camp
 
Source: Centre de DocumentationJuive Contemporaine.
Centre de Documentation Juive Conemporaine
La déportation
 
 
Centre de Documentation Juive Conemporaine

Extrait de la liste du convoi N° 75.Source: Centre de Documentation Juive Contemporaine

Le 30 mai 1944 c'est le départ du convoi N° 75.

Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du convoi N° 75: " 534 hommes et 470 femmes ont constitué ce convoi où l'on comptait 104 enfants de moins de 18 ans. (...) A l'arrivée de ce convoi le 2 juin, 239 hommes reçurent les matricules A 11841 à 12079, tandis que 134 femmes recevaient les matricules A 7065 à 1 7198. 624 personnes furent immédiatement gazées. En 1945 on dénombrait 85 survivants dont 51 femmes".

Estera 34 ans qui était enceinte et ses quatre enfants, Anna 14 ans, Paulette 12 ans, Jacqueline 6 ans et Michel 1 an et demi sont assassinés à Auschwitz.

Epilogue

Albert FOGIELMAN est libéré du 91ème G.T.E. de Saint-Pourçain-sur-Sioule le 16 décembre 1944. «Très atteint physiquement et moralement» selon ses enfants il décède le 21 juillet 1947 à Paris d'une embolie. Il avait 43 ans.

A la Libération Samuel, Charles, Jean et Marguerite sont pris en charge par l'O.S.E., puis sont reconnus comme Pupilles de la Nation.

Le 13 juillet 1997 ils font apposer sur la maison 11, rue des Fossés de la Ronde une plaque en mémoire de leur mère Estera, de leurs sœurs Anna, Paulette et Jacqueline et de leur frère Michel, assassinés à Auschwitz.
 
 
 
Texte de la plaque apposée au 11, rue des Fossés de la Ronde: «De cette maison le 12 mai 1944 Esthera FOGIELMAN et quatre de ses enfants Anna 14 ans, Paulette 12 ans, Jacqueline 6 ans, Michel 2 ans furent emmenés à Drancy, puis déportés à Auschwitz le 30 mai 1944».
 
Photo: AFMD de l'Allier

Photo: AFMD de l'Allier
 
Le 12 mai 2009, soit 65 ans après la rafle du 12 mai 1944, à la demande de l'AFMD de l'Allier, la Municipalité de Saint-Pourçain-sur-Sioule, que nous remercions vivement, fait apposer deux plaques, l'une à l'Ecole Michelet en mémoire d'Anna et Paulette, l'autre au Monument aux Morts en mémoire des déportés juifs de la commune morts en déportation.
 
Photos: Marc Igielnik.
 
 
Photo; Marc Igielnik Photo; Marc Igielnik

"Mort en déportation" suivant l'arrêté du Secrétariat d'Etat à la Défense  en date du 7 avril 2009 paru au Journal Officiel N°140 du 19 juin 2009.
 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 756 W 1, 1864 W 1, 996 W 122.01, 996 W 194.01, 996 W 778 W 1503, 996 W 778 W 112,

- Archives de la famille

- Archives Municipales de Saint-Pourçain-sur-Sioule

- Centre de Documentation Juive Contemporaine

- Etat civil de Paris (4ème) et de Saint-Pourçain-sur-Sioule (03)

- Klarsfeld Serge Liste des transferts à Drancy

- Klarsfeld Serge  Mémorial de la Déportation des Juifs de France FFDJF 1978

- Klarsfeld Serge
Mémorial des Enfants Juifs Déportés de France 1994

- MemorialGenWeb  site Internet
 
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