HIRSCH Léo
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Est né le 23 novembre 1903 à Rogasen/Rogozno (Prusse orientale). Il est le fils d'Israël et de Sarah née SCHRAMEK.
Il épouse Marthe BADT le 19 septembre 1929 à Eberswalde (Prusse Orientale) et ils ont un fils Heintz-Joachim/Jean , né le 20 avril 1931 à Neustetten (Allemagne).
Léo, qui est titulaire d'un diplôme de chirurgien-dentiste obtenu à Rostock (Allemagne), s'installe à Ensdorf (Sarre).
La famille HIRSCH quitte cette ville en 1935 et réside successivement à
- Bouzanville (Meurthe-et-Moselle), puis Bordeaux (Gironde) jusqu'en 1936,
- Montluçon de 1936 à 1937 où il exerce la gérance d'un cabinet « Au Progrès Dentaire» 7, rue Bretonnie pour le compte du propriétaire, Monsieur Amédée BLIN,
- Commentry de 1937 à août 1942 où il s'occupe d'un nouveau cabinet dentaire 2, rue Jean Jacques Rousseau dont M.BLIN s'est rendu acquéreur.
Le 7 mai 1938 il se voit notifier l'interdiction de pratiquer l'art dentaire, le certificat de chirurgien-dentiste délivré à Rostock dans le Mecklemnourg (Allemagne) n'étant pas reconnu en France.
En 1939 il reçoit un procès-verbal pour " exercice illégal de l'art dentaire". Il prend alors des assistants pour assurer les soins.
La gendarmerie de Commentry lui retire sa carte de circulation temporaire.
Enfin une enquête est ouverte sur "le trafic d'or auquel il serait susceptible de se livrer", mais les résultats sont négatifs. En effet, "aucun témoignage n'a pu être recueilli".
Ensuite, il est coupable du délit de patronyme, car selon le rapport du Commissaire Principal chef du Service des Renseignements Généraux de l'Allier, " De par son nom, le susnommé était pendant la guerre considéré comme suspect par la population de Commentry. Il fit l'objet d'une surveillance discrète de la part de mon service à ce sujet".
Autres reproches: il est juif et gaulliste.
La famille HIRSCH se fait recenser à Commentry en tant que Juifs étrangers conformément à la loi antisémite du 2 juin 1941 promulguée par l'Etat Français.
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Source: Archives Départementales de l'Allier 756 W 1.
En 1939 il souscrit un engagement volontaire dans l'Armée française, mais bien qu'apte au service il n'est pas appelé.
Par le décret du 5 juin 1942 portant sur le numerus clausus appliqué aux professions dentaires les Juifs sont exclus de ces professions et Léo HIRSCH cesse son activité .
Léo HIRSCH et sa famille sont arrêtés dans la Rafle du 26 août 1942 par la police française et internés au Camp du Textile à Prémilhat (03) dans la banlieue de Montluçon.
Extrait du procès-verbal du criblage (examen des cas particuliers et exemptions possibles) du 2 septembre 1942:
«HIRSCH Léo, né le 23.11.1903 à Rogaten (Sarre), ramassé à Commentry, avec sa femme et son enfant, entré en France en 1935, considéré comme indésirable par Commissaire Spécial de l'Allier. Cas posé à Vichy, réponse du 3.9.42, 9° Bureau, maintenu».
Entré en France en 1935, donc avant 1936, Léo HIRSCH aurait dû être libéré, car cette rafle s'appliquait aux Juifs étrangers «entrés en France postérieurement au 1er janvier 1936». Cette date est soulignée dans la circulaire du 5 août 1942. Elle n'a pas été respectée! Il fallait sans doute faire du chiffre! Ou peut-être a-t-il été victime de ses "sentiments gaullistes" dont fait état le Commissaire Principal chef du Service des Renseignements Généraux de l'Allier dans son rapport au Préfet de l'Allier le 23 février 1942.
Le 3 septembre 1942 la famille HIRSCH fait partie des 144 personnes qui partent de la gare de Montluçon à destination de Drancy.
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Liste des transferts à Drancy transmise par Serge Klarsfeld
Le 14 septembre 1942 ils sont déportés de Drancy à Auschwitz par le convoi N°32.
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Source du document ci-dessus: Mémorial de la Shoah C32_48. |
Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du Convoi N° 32: "Il y a 640 hommes et 340 femmes dans ce convoi où l'on compte plus de 60 enfants (sans oublier ceux qui se trouvent parmi les 220 déportés dont on ignore l'âge). (...) A leur arrivée à Auschwitz le 16 septembre, furent sélectionnés 58 hommes qui reçurent les matricules 63898 à 63953 et 49 femmes qui reçurent les matricules 19772 à 19820. Le reste du convoi fut immédiatement gazé à l'exception des hommes qui furent sélectionnés avant l'arrivée à Auschwitz à Kosel. (...) En 1945 il y avait à notre connaissance environ 45 survivants de ce convoi."
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Ils sont déclarés décédés le 3 septembre 1942 (!) selon le jugement du Tribunal de Première Instance de Montluçon du 28 octobre 1956.
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Rappel de la loi n° 85/528 du 15 mai 1985
sur les actes et jugements déclaratifs de décès des personnes mortes en déportation
Article 3 - Lorsqu'il est établi qu'une personne a fait partie d'un convoi de déportation sans qu'aucune nouvelle ait été reçue d'elle postérieurement à la date du départ de ce convoi, son décès est présumé survenu le cinquième jour suivant cette date, au lieu de destination du convoi.
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Selon la loi du 15 mai 1985 Léo HIRSCH, son épouse Marthe et leur fils Jean sont décédés le 19 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne).
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"L'appartement du nommé HIRSCH 2, rue J J Rousseau à Commentry a été réquisitionné par arrêté préfectoral du 16 novembre 1942 au profit de M.LABATTUT, commissaire de Police de Commentry. Un inventaire a été dressé en présence d'un représentant de la mairie et du propriétaire de l'immeuble, M.COMPERE, marchand de meubles à Commentry."
Source: Lettre du Sous-Préfet de Montluçon au Préfet de l'Allier Archives départementales de l'Allier 996 W Mesures antisémites Spoliation.
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Leurs noms figurent au Monument aux Morts de Commentry.
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Source des photos ci-dessus: Mairie de Commentry. Remerciements.
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Sources:
- Archives Départementales de l'Allier 756 W 1, 1864 W 1, 778 W 15.3, 15.4, 996 W Police Politique février 1942, 996 W Mesures antijuives Spoliation,
- Centre de Documentation Juive Contemporaine C32_48
- Etat civil de Commentry (03)
- Klarsfeld Serge Liste des transferts à Drancy
- Klarsfeld Serge Mémorial de la Déportation des Juifs de France Fils et Filles de Déporté Juifs de France1978
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