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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
ROUSSAT Alice née MELIN
 
 

Est née le 9 juin 1895 au domicile de ses parents au lieudit La Font du Thé à Broût-Vernet (03). Son père Antoine et sa mère Jeanne née NEURY sont cultivateurs.

Source de la photo: Archives de la famille.

Le 16 octobre 1916 elle épouse Jean ROUSSAT à Broût-Vernet et ils ont deux enfants.

Elle tient avec son mari une épicerie
"Aux quatre saisons alimentaires"  Place de la Mairie à Saint-Pourçain-sur-Sioule (03). Voir la photo ci-dessous d'Alice ROUSSAT et de sa sœur Léa.
 


Elle est arrêtée dans la rafle du 21 mars 1944 à la place de son mari, Jean ROUSSAT, résistant communiste interné à Mons (63), puis au Centre de Séjour Surveillé de Nexon (Haute-Vienne). Le Préfet de de l'Allier dans une lettre au Préfet de la Haute-Vienne en date du 22 avril 1941, émet un avis défavorable  à sa libération, car "l'intéressé, militant communiste actif, était secrétaire de la cellule communiste de St-Pourçain-sur-Sioule. Candidat aux élections sénatoriales de 1938, ROUSSAT n'a pas cessé de militer en faveur du parti communiste jusqu'à la dissolution de ce dernier".

Source de la photo ci-contre: Michel Simonnet.



Témoignage de Madame Bonneau sur l'arrestation de Madame Alice ROUSSAT: " C'était le 21 mars 1944. J'étais bonne chez Monsieur ROUSSAT. C'était le matin. 3 individus rentrent dans le magasin, demandent Monsieur ROUSSAT. Sa femme leur répond qu'elle pense qu'il est au jardin. A moi ils disent vous venez avec nous à ce jardin. Je monte dans la voiture. Le jardin est là où sont les bâtiments des "bélères". On arrive au jardin où il y a la cabane. Deux partent voir. Ils ne trouveront qu'un chapeau et une veste. On revient au magasin. Là ils vont dans la maison . Ils fouillent partout, vident les armoires, défont les lits,  vident les placards et  buffets. C'était un vrai chambardement.
A Madame ROUSSAT: " Prenez un manteau et un chapeau". Ils la poussent dans la voiture . En sortant de la maison le locataire du dessus descend. Ils l'interpellent: " Qui êtes-vous? Que faites-vous ici? - "Je suis sage-femme. Je vais au travail et j'habite au premier". Ce fut la dernière fois que je voyais Madame ROUSSAT".

 
Alice ROUSSAT est internée au Fort de Romainville.


 

Le Fort de Romainville

Ce fort militaire est situé sur la commune des Lilas en Seine-Saint-Denis au nord-est de Paris. Il accueille d'abord des prisonniers de guerre et des otages, dont certains seront fusillés au Mont-Valérien. Puis à partir de 1943 il devient l'antichambre de la déportation avant de servir de prison pour femmes en 1944.
 
 Photographie, prise à la Libération, des casemates où étaient enfermés des détenus. Source: Les oubliés de Romainville un camp allemand en France (1940-1944) par Thomas Fontaine Editions Taillandier mai 2005
 

Le 30 juin elle fait partie des 111 femmes déportées de Paris gare de l'Est à Sarrebruck où elles arrivent le jour même dans le convoi N° I.235. Elles sont internées au camp de Neue Bremm avant d'être transférées à Ravensbrück où elle reçoit le matricule N° 44761.

Elle reste au camp central de Ravensbrück.
 
 

Le camp de Ravensbrück

Situé à 80 Km au nord-est de Berlin près du lac de Furstenberg, il reçut un premier convoi de 867 femmes le 13 mai 1939.

Ce camp pour femmes était très cosmopolite – 23 nationalités y étaient représentées- mais aussi très «rentable», car les déportées étaient louées 5 à 7 marks par jour aux usines Siemens et Industriehof, installées à proximité et la durée du travail pouvait atteindre 12 voire 14 heures par jour.

Quand elles ne mouraient pas d'épuisement, «la mort lente», les femmes étaient soumises à des exécutions sommaires, des expériences médicales: infection par staphylocoques, gangrène gazeuse, vivisection, stérilisations y compris sur des fillettes.

Même les femmes enceintes étaient déportées à Ravensbrück. Les médecins S.S. reçurent en 1942 l'ordre de faire avorter toutes celles dont la grossesse était inférieure à 8 mois. En 1943 l'un de ces tortionnaires, le docteur Treite, jugea préférable d'attendre l'accouchement et de faire étrangler ou noyer l'enfant en présence de la mère. A la fin de la même année une nouvelle décision permit de laisser la vie aux nouveaux-nés, mais rien n'était prévu pour les accueillir.

De 1943 à 1945 sont nés 863 enfants à Ravensbrück, presque tous morts de faim et de froid.

Source: Le grand livre de la Déportation F.N.D.I.R.P. 1968
 
 
Elle est libérée ainsi que ses camarades par la Croix-Rouge Suédoise qui vient les chercher en camions aux portes du camp de Ravensbrück, mais elle n'arrivera pas en Suède. Malheureusement elle  décède au cours du rapatriement le 24 avril 1945 à Aabenraa ( Danemark) selon l'état civil de Broût-Vernet, les archives municipales d'Aabenraa et le JO N° 22 du 27 janvier 1999. Selon le registre  de l'église de Krusaa, elle décède d'épuisement au cours de la quarantaine. Un service religieux a été célébré par le révérend Lauritzen.

Source du document ci-dessus: Registre des décès de l'église d'Aabenraa.

Selon le certificat de décès de la Croix-Rouge Danoise, Alice ROUSSAT "est décédée le 24 avril 1945 à 6 H 10 au camp de quarantaine d'Aabenraa d'épuisement et des suites de brûlures au 3ème degré à la jambe et la cuisse droite. L'incinération a eu lieu le 30.4.45 au crématorium de Kolding"

Ses cendres sont ramenées à Saint-Pourçain-sur-Sioule le 20 avril 1950.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 409497), elle est homologuée en tant que Résistante au titre de la R.I.F. (Résistance Intérieure Française) et des D.I.R. (Déportés et Internés Résistants).

Suite au décret du 3 février 1960 publié au JO du 28 février 1960, lui sont attribuées à titre posthume 
- la Médaille Militaire avec le grade de sergent
- la Croix de Guerre avec Palme
- la Médaille de la Résistance.

"Mort pour la France"

Son nom figure au Monument aux Morts de Saint-Pourçain-sur-Sioule.

Photos: AFMD de l'Allier.

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, 996 W Mesures administratives privatives de libertés N° 9,

- Archives de la famille

- Archives Municipales d'Aabenraa et de la paroisse de Bov (Danemark)

- Archives Municipales de Saint-Pourçain-sur-Sioule (03)

- Etat civil de Broût-Vernet (03)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- MemorialGenWeb  site Internet

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 409497)
 
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