COMBANAIRE Maurice Eugène Jules
|
|
est né le 20 mars 1887 au domicile de ses parents rue Bourdillon à Châteauroux (36). Son père Quentien Eugène Ernest est maître d'hôtel et sa mère Céline née LHUILLIER est ménagère.
Incorporé au 36ème Régiment d'Artillerie le 8 octobre 1909 il est démobilisé le 24 septembre 1911 avec le grade de maréchal des logis.
Photo: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand |
|
Mobilisé en août 1914 au 3ème Régiment d'Artillerie, puis au 113ème il participe à la Campagne d'Italie. Il est démobilisé le 25 mars 1919. Il est titulaire de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre.
Le 11 mai 1921 il épouse Marie RAYET à La Serre-Bussière-Vieille. Ils ont 3 enfants.
Il est propriétaire de l'Hôtel Terminus 47, avenue du Maréchal Pétain à Montluçon. Il possède en outre deux propriétés, l'une à La Chapelaude (03) et l'autre à La Serre-Bussière-Vieille (23).
|
|
Note: Cet hôtel sera réquisitionné par les Allemands d'abord partiellement en novembre 1942 suite à l'occupation de la Zone Libre, puis en totalité par lettre du 27 mars 1944.
«Pour l'Hôtel Terminus réquisitionné par l'Armée allemande par lettre du 27.3.1944 de l'Etat-Major de la Place, des travaux indispensables d'entretien, de mise en état et de continuation d'exploitation ont été jugés nécessaires par les autorités allemandes et le seront encore par la suite. Ces travaux sont à exécuter et à payer par la Ville de Montluçon au terme de l'obligation de prestation de cantonnement. Pour le Commandant de l'Etat-Major de Liaison 786 Par ordre: Le Capitaine
Cette lettre datée du 8 août 1944 (Archives Municipales de Montluçon 4 H 20/3) indique clairement que les Allemands ont l'intention de rester à l'Hôtel Terminus et à Montluçon «par la suite»!!!... du moins jusqu'au 25 août 1944, date de la libération de Montluçon.
Mais revenons au résistant que fut Maurice COMBANAIRE.
Il travaille pour différents réseaux, le réseau «Alliance» depuis le 25 juillet 1942, le réseau «Marco Polo».
|
Réseau Marco Polo: réseau fondé par le capitaine
de corvette Pierre Sonneville, parachuté en France en octobre 1942 par le
B.C.R.A. (Bureau Central de Renseignements et d'Action). Ce réseau est
spécialisé dans la recherche des armes secrètes (V1 et V2 notamment) auxquelles
travaillent les savants allemands. Source: Henri Noguères Histoire de la Résistance en
France Tome 2 Robert Laffont 1969.
|
Il sert de boîte à lettres, il est contacté par le lieutenant BOULANGIER pour le réseau SSMF-TR (Service de Sécurité Militaire et Travaux Ruraux), il met ses propriétés à la campagne à sa disposition pour ses émissions à destination de Londres, il soustrait des lettres de dénonciation destinées aux Allemands.
Selon son témoignage il héberge et cache un grand nombre d'officiers supérieurs, il renseigne les Alliés sur les activités des Allemands à Montluçon…jusqu'à la date de son arrestation le 16 octobre 1943 par la Gestapo de Bourges (18).
Maurice COMBANAIRE est arrêté sans relation avec son engagement au réseau «Alliance», mais suite à l'infiltration d'un agent français de la Gestapo, Roger PICAULT qui se fait appeler RISSLER.
Selon le témoignage de Maurice COMBANAIRE au Commissaire de Police, Chef de la Sûreté à Montluçon, Roger PICAULT contacte Isidore THIVRIER dans le train et lui demande «si, en tant qu'homme politique, il connaissait une combinaison pour gagner l'Angleterre. M.THIVRIER devait lui répondre qu'il n'en possédait point, mais que sa maîtresse COUDERT Marcelle connaissait un nommé ORFIN, marchand de bois, qui, assisté de son secrétaire KOROLOFF, tous deux logeant à l'Hôtel Terminus à Montluçon, étaient susceptibles de lui donner le renseignement demandé.
Nanti de cette recommandation, qui était une sorte de mot de passe, le nommé PICAULT, fils d'un garagiste de Bourges, descendait à mon hôtel. Il faisait la connaissance d'ORFIN et de KOROLOFF, déjeunait ensemble avec eux en invitant COUDERT qui habitait Commentry. (…) En même temps, logeait à l'Hôtel Terminus, un agent du 2ème Bureau, BOULANGIER, alias INCA, parachuté aux environs de Saint-Désiré (Allier) qui, accidenté et porteur de deux valises – j'appris plusieurs jours après qu'il s'agissait de deux postes émetteurs- avait été conduit chez moi où je l'avais fait soigner. C'est ainsi que BOULANGIER devait à son tour faire la connaissance de mes trois autres clients: ORFIN, KOROLOFF et PICAULT ainsi que de COUDERT Marcelle; il prenait ses repas avec eux. Un certain jour KOROLOFF et Marcelle COUDERT invitèrent BOULANGIER (Inca) à venir avec ORBIN et PICAULT faire des émissions clandestines dans le parc du Château de Rambourg à Commentry (…). C'est alors que PICAULT –dont personne ne se méfiait- mettait à profit une séance d'émission pour photographier le groupe en train d'opérer; pour ce faire il utilisait un appareil photographique dissimulé sous ses vêtements et dont l'objectif était dissimulé dans une boutonnière.»
La Gestapo de Bourges va utiliser cette photo pour arrêter dans un premier temps Victor KOROLOFF, Marcelle COUDERT et Isidore THIVRIER le 7 octobre 1943, puis Maurice COMBANAIRE le 16 octobre.
Il est interné à Bourges dans la prison de Bordiot pendant 4 mois et demi au secret. Il occupe la cellule 91, Victor KOROLOFF la 92 et Isidore THIVRIER la cellule en face de la sienne. Il y fait la connaissance d'Alfred STANKE, plus connu sous le nom de Franciscain de Bourges, prêtre catholique allemand antinazi mobilisé comme surveillant qui vient en aide aux détenus avec qui il restera en contact après la guerre.
Puis il est transféré à la prison d'Orléans (45) le 23 février 1944.
Dans son livre Le Franciscain de Bourges , Marc TOLÉDANO, lui-même interné à la prison de Bourges, note:
«23 février.
Combanaire et le député de Montluçon, Thivrier, âgé de soixante-dix ans, sont partis ce matin, mais pas vers la liberté…
Pour où? Pauvre ami Combanaire qui croyait être libéré».
Le 6 avril 1944 il est déporté de Compiègne à Mauthausen où il arrive le 8 dans le convoi N° I.199. Il y reçoit le matricule N° 62183.
|
|
Source du document ci-dessus : Service International de
Recherches d’Arolsen 1399143.
|
Après la quarantaine il est transféré le 21 avril 1944 au Kommando de Melk.
|
Melk: Kommando du KL Mauthausen. La ville de Melk se trouve en Basse-Autriche. Le 21 avril 1944 arrivent 500 des 10000 détenus qui travaillent au projet «Quartz», c'est-à-dire à la construction d'une usine souterraine de roulements à bille pour la firme Steyr, Daimler et Puch. Si l'usine est achevée elle ne produit jamais un seul roulement à billes. Le 15 avril marque la fin de l'évacuation de ce Kommando vers Mauthausen ou Ebensee.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Puis il est vers le Kommando d'Ebensee.
Ebensee: Kommando du KL
Mauthausen situé près du lac Traunsee. Implanté le 18 novembre 1943, le camp
fonctionne pour la création d'usines souterraines qui sont creusées dans la
montagne et qui doivent produire de l'essence synthétique et des armes secrètes.
14 tunnels sont engagés et 10000 détenus travaillent au camp à la fin de
l'année 1944. Le 6 mai 1945, date de sa libération, il compte même plus de
16000 personnes, venues de différents camps évacués devant l'avance alliée. Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire
de la Déportation.
Il y rencontre Francisque DRIFFORD et se lie d'amitié avec lui.
Il est libéré le 6 mai 1945 par l'armée américaine et est rapatrié le 24 mai par l'Hôtel Lutétia à Paris.
|
|
Source des documents ci-dessus: AFMD 75.
|
Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 138939), il est homologué en tant que Résistant au titre des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes) et des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).
La carte de Déporté Résistant N° 1.011.09769 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 11 avril 1952.
|
|
Source du document ci-dessus: Office départemental des Anciens Combattants du Puy-de-Dôme
|
Il reste en contact avec Alfred STANKE, le «Franciscain de Bourges».
|
|
Source du document ci-dessus: Archives de la famille.
|
Témoignage de son petit-fils, Bernard COMBANAIRE «A la Libération, il reprit ses activités à l'hôtel Terminus. Il refusa les propositions de différents partis politiques. Il s'investit énormément pour sa ville de Montluçon, président de la Montluçonnaise, les Ailes Montluçonnaises, Rotary, Chambre de Commerce. Il était un grand monsieur et je suis fier d'être son petit-fils.»
Source du document ci-contre: Archives de la famille.
| |
|
|
Il décède le 13 janvier 1975 à Montluçon. Ses obsèques sont célébrées par son compagnon de déportation, le Révérend Père RIQUET, prédicateur à Notre Dame de Paris.
Sources:
- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, 1289 W 91, 1 R 1907.1183, 654 W 7,
- Archives de la famille
- Archive Municipales de Montluçon 4 H 20/3
- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand
- Etat civil de Châteauroux (36)
- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004
- Mauthausen Le Troisième Monument Amicale de Mauthausen
- Noguères Henri Histoire de la Résistance en France Tome 2 Robert Laffont 1969.
- Office Départemental des Anciens Combattants de l'Allier et du Puy-de-Dôme - Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 138939) - Service
International de Recherches d’Arolsen 1399143.
- Touret André Montluçon 1940-1944 La mémoire retrouvée CRÉER 2001
© AFMD de l'Allier |
|