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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
DAGARD Jean Edmé
 
 
Archives de la famille

est né le 14 avril 1908 au domicile de ses parents au bourg de Vallon-en-Sully (03). Son père Abel est boulanger, puis gendarme, et sa mère Anne née BAZIN est sans profession.
 
Photo: Archives de la famille.
 
Il est d'abord mineur de fond au puits N°12 à Lens et fait partie de l'équipe de football (le 2ème au 1er rang en partant de la droite). Puis, le 23 novembre 1927, il s'engage dans l'armée et passe 8 ans au Sahara.
 
 
Archives de la famille
Photos: Archives de la famille.
 

En 1935, il revient à Paris et travaille dans les transmissions à la Tour Eiffel.

Le 6 juin 1935 il épouse Andrée DÉCOUT et ils ont deux enfants.

Il est affecté successivement au Mans, puis dans l'Armée d'Armistice à Châteauroux d'août 1940 à novembre 1942 en tant que sous-officier (adjudant-chef) des transmissions.
 
 
Suite au Débarquement des Alliés en Afrique du Nord et à l'invasion de la Zone Libre par les Allemands en novembre 1942 l'Armée d'Armistice est dissoute. Il prend alors des premiers contacts avec la Résistance Il entre au réseau «Opélia» le 1er janvier 1943, puis au réseau «Amarante» sous le pseudonyme de «Gabin». Ses parents qui habitent Montluçon mettent leur maison à la disposition des agents de passage.
 
Photo: Archives de la famille.
Archives de la famille
 

Le 1er novembre 1943 il entre au réseau «Vermillon» sous le pseudonyme de «Gervais» en tant que chef de secteur radio. Dans un premier temps, il participe à la recherche de terrains d'atterrissage pour les avions Lysander qui transportent du courrier, des fonds ou des hommes. Puis il s'occupe exclusivement de la transmission et de la réception de messages en provenance et à destination de Londres. Cette activité dangereuse l'oblige à changer fréquemment de domiciliation pour ne pas se faire repérer par l'ennemi. Il échappe par trois fois à l'arrestation.

Mais le 6 juillet 1944, alors qu'il doit partir en Angleterre pour un stage, il est arrêté à Paris à la gare de la Croix de Berny avec son beau-frère, Jean EVESQUE, en se rendant à l'aérodrome de «Capstan» pour participer à une opération d'atterrissage en Touraine. Ils sont trahis par le chauffeur qui est en fait un agent de la Gestapo infiltré.

Il est transféré au siège de la Gestapo, rue des Saussaies à Paris où « il ne dévoile ni le nom de ses camarades ni aucune indication permettant leur arrestation». Il est alors interné à Fresnes jusqu'au 14 août 1944.

Le 15 août 1944, il part de Paris Gare de Pantin par le convoi N° I.264.

Le convoi N° I.264 emmène vers l'Allemagne 546 femmes et 1654 hommes malgré les interventions du consul de Suède Raoul NORDLING et de la Croix-Rouge, malgré les tentatives de la Résistance pour empêcher le départ, puis pour arrêter le convoi.
 
 
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A hauteur de la Gare du Raincy-Villemomble (93) le 15 août 1944 un paquet enveloppé de cellophane est jeté sur la voie. Ce paquet contient 16 messages de déportés à leurs familles.

Il ne sera retrouvé que le 19 septembre 1944 dans le talus qui borde la voie. Le chef de gare se fera un devoir de faire parvenir ces messages à leur destinataire.

«Reconnaissant transmettre à Mr Péroux 84 Boulevard de Champigny La Varenne-Saint-Hilaire (Seine)
Je pars direction Allemagne
Tendresses
Prévenir Andrée»
 
Document: Archives de la famille.

Le train va mettre cinq jours pour arriver à Buchenwald et six pour arriver à Ravensbrück.

A Buchenwald Jean DAGARD reçoit le matricule N° 77309. Après la quarantaine il est affecté au Kommando de Dernau appelé aussi Gollnow ou Rebstock.

Dernau ou «Gollnow». Kommando du KL Buchenwald. Ce Kommando porte aussi le nom de code «Rebstock» (cep de vigne), car il est situé dans une région de vignobles entre Cologne et Coblence à 30 km au sud de Bonn. Il s'agit d'aménager des véhicules spéciaux pour le transport des fusées V2. L'usine souterraine, équipée de machines-outils, se trouve dans un ancien tunnel ferroviaire désaffecté. A la fin de novembre 1944 l'usine est transférée à Artern, avec pour code «Adorf», et rattachée à Dora.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il travaille d'abord dans un kommando à l'entretien des installations électriques. Il est stupéfait de voir que le dimanche des femmes allemandes se promènent autour du camp avec leurs enfants.

Puis il est transféré au Kommando d' Artern . Il s'occupe de la maintenance des installations électriques.


Source des documents ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 5717903.


Il est ensuite affecté à un autre Kommando, celui de Rehmsdorf.

Rehmsdorf ou Tröglitz-Rehmsdorf: Kommando du KL Buchenwald. Ce Kommando, installé dans le village de Rehmsdorf, se trouve à l'origine à Tröglitz à 50 km au sud-ouest de Leipzig. Mais, à la suite d'un bombardement, l'usine qui fabrique des produits chimiques (oxygénation de lignites) est déplacée. Les détenus sont également utilisés pour des travaux de déblaiement. Ils sont évacués vers la Tchécoslovaquie.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Au cours de l'évacuation en avril 1945 pendant un bombardement il fait une première tentative d'évasion: il est repris par un vieux soldat de la guerre 1914-1918, ce qui lui sauve la vie. Un S.S., lui, l'aurait abattu.

L'avance des troupes alliées oblige les nazis à vider le camp. Le 15 avril, l'évacuation se fait en train sous les bombardements. Le train s'arrête, la deuxième tentative d'évasion est la bonne. Ils sont deux à partir à pied vers la Tchécoslovaquie et ils rejoignent les troupes américaines à Chemnitz.

Pendant trois semaines il est soigné par les Américains, puis rapatrié le 12 mai 1945. Il apprendra que son beau-frère, Jean EVESQUE, a été exécuté par pendaison à Buchenwald le 7 octobre 1944.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 154172), il est homologué en tant que Résistant au titre des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes) et des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

 
 
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Document de gauche: Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.

Document du milieu: la carte de Déporté Résistant N° 1.011.04931 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 7 juillet 1951.

Document de droite: de gauche à droite
1) Légion d'Honneur. Chevalier le 14 décembre 1951. Officier le 3 juillet 1967.
2) Croix de Guerre avec Palme
3) Médaille de la Résistance par décret du 24 avril 1946
4) King's Medal for Courage in the Cause of Freedom le 6 juin 1950.
 
Il décède à Montluçon le 26 décembre 1975.
 
Témoignage de Gustave ROSEMBLY
Né le 16 septembre 1922 à Pouru-Saint-Rémy (08)
Déporté le 18 août 1944 de Compiègne-Rethondes à Buchenwald
Matricule N° 81424 Kommando: Wieda.

Extrait de la lettre de condoléances qu'il a adressée à Madame Andrée  DAGARD en apprenant le décès de Jean. Il y rend hommage au courage et au sens du partage de son ami disparu.

«J'ai bien souvent pensé à lui puisque les événements de Résistance qui reviennent malgré soi à la mémoire sont liés à sa présence; il a été mon guide tout au long de mon activité dans le réseau. C'est lui qui a organisé mon départ pour Paris et qui est venu me chercher dans la ferme de l'Indre où je me cachais; c'est lui qui m'a présenté à l'état-major de l'Organisation à Paris et à Lyon, nous avons fait ensemble le voyage à plusieurs reprises entre ces deux villes, transportant dans nos valises des objets dangereux; quand j'ai été affecté au secteur de Bourgogne, c'est toujours chez lui à Paris que je revenais prendre contact avec le réseau. Son travail était particulièrement dangereux, mais je ne l'ai vu que détendu, toujours un mot d'esprit à la bouche.

Par un hasard extraordinaire, alors que nous n'avions pas fait partie du même convoi puisqu'il a été arrêté trois mois après moi, nous nous sommes retrouvés face à face à Buchenwald, parmi des milliers d'individus rendus méconnaissables par le crâne rasé et le déguisement vestimentaire; ce jour-là, il a partagé avec moi sa ration de pain. Ce que vous savez de notre vie là-bas vous fait comprendre que c'est un geste dont je me souviens.»

 
Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1

- Archives de la famille

- Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Etat civil de Vallon-en-Sully (03)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos  Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Office Départemental des Anciens Combattants de l'Allier.
 
- Témoignage écrit de Gustave ROSEMBLY (Archives de la famille)

- Service International de Recherches d'Arolsen 5717903
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